Un livre d’une rare jubilation. On y retrouve un cynisme et une certaine ironie dans la façon d’approcher les prémices, mais aussi l’univers et le développement des personnages. On se retrouve assez vite embarqué avec Raphaël et ses amis Bouseux de la Ruche. Le ton désinvolte, souvent sarcastique, du narrateur nous lance dans cette aventure où rien ne suivra le plan, pourtant simple, établit au départ. Au-delà d’une critique malicieuse sur la religion et nos croyances, L’Effet coccinelle nous amène surtout à réfléchir sur notre société et ses mécanismes intrinsèque. La plume efficace de Yann Bécu, sous laquelle l’incompétence chronique et l’excès de zèle ne sont jamais bien loin l’un de l’autre, réussit à jongler sur les différentes questions théologiques qui nous animent, et surtout leurs réponses.
Le dénouement sera d’ailleurs un excellent résumé de l’œuvre. Pas forcément prévisible ni attendue, elle reflète pourtant une fatalité qui pendait au nez des personnages depuis le début. La tension n’en reste pas moins bien présente, et on dévorera les pages non pas uniquement pour découvrir si Raphaël, Eyaël et Mitraillette vont réussir leur plan complètement alambiquée et bancal, mais aussi pour savoir comment ils vont bien pourvoir le rater, ou si Jean-Philippe va réussir les coincer avant (j’ai d’ailleurs beaucoup aimé le format de son intrigue annexe, saccadée mais en fin de compte très complète). L’équilibre trouvé par Yann Bécu pour nous raconter cette histoire et faire passer ses messages est finement dosé, si bien que le roman se dévorera sans pause.
Bref, L’Effet coccinelle est une œuvre qui avait les éléments pour me parler, mais qui a surtout réussi à les exploiter de façon originale, pertinente et jubilatoire. Véritable comédie noire qui ne verse pas dans la surenchère ou le glauque, Yann Bécu sait comment jongler entre ses outils pour nous délivrer un roman passionnant, palpitant et amusant. Un régal !