L'émeute du futur
L'émeute du futur

livre (2023)

"Tiens, toi qui a écrit un livre dont vous êtes le héros, ça devrait te plaire" m'avait-on dit lorsque je suis tombé sur le stand des éditions Goater. J'étais tellement curieux de lire tout ça que je l'ai instantanément acheté (avec une petite dédicace du dessinateur en prime.)


Pour le coup, les auteurs (rebaptisé "Le comité des bons conseils") ne sont pas restés les mains dans les poches puisque c'est un bon gros pavé de 477 pages qui constitue ce livre à choix multiple. L'action prend place en 2050 et vous jouez un galérien du futur qui décide de rejoindre une manifestation. A vous de choisir ce que vous allez y faire, sachant qu'en ce futur distopique où toute rebellion est matée dans l'oeuf par une cyberpolice.

On est dans de la parodie au vitriol du monde de la grève et des revendications sociales, cela peut aller des syndicalistes qui préfèrent se faire des petites bouffes plutôt que d'aller manifester, des occupations de lieux qui tournent à la soirée soundsystem, des négociateurs qui ont leur agenda politique, jusqu'à la description d'un monde complètement englué dans un marasme néolibéraliste où les gens sont obligés de bosser jusqu'à l'absurde et un état policier où les bavures sont gérés par des robots. Bon, on sent aussi que ça a été écrit par des rennais, notamment le fait que la préfecture interdise aux grèves de passer par le centre-ville et la partie "MegaCancun" avec un centre historique qui mélange labyrinthe, musée et club Med qui fait penser à une version parodique des remparts de St Malo.


On est dans de l'écriture d'extrême gauche qui ne se cache pas, et ça fait plaisir à lire tant ça avait complètement disparu du paysage médiatique. On est dans un livre où face à un monde d'une extrême violence (pauvreté, droit du travail inexistant) toute prise de décision se doit d'être radicale ou sinon la grève (puis l'émeute) se casse la gueule. Même faire des trucs de gauche comme rejoindre un squat ou ouvrir un garage à vélo amène à des mauvaises fins. (Notamment une où l'on fini pillier de bar.) Bon, après on est dans "L'Émeute du Futur" et pas dans "La Négociation Syndicale du Futur." Les dessins sont assez chouette et parodient l'imagerie gréviste ainsi que les dessins de la Russie soviétique (avec des personnages qui regardent à l'Est vers un monde meilleur.)


Et ça faisait un bon moment que je n'avais pas lu un livre où la violence policière n'était pas aussi flagrante (mais on est sur un livre écrit à l'époque des grèves pour la retraite.) Du coup, lire ça tout en jouant à Disco Elysium et son monde dépressif, dans lequel on joue un flic qui peut prôner le communisme, offrait une certaine résonance étrange entre les deux oeuvres. (Sachant que les deux sont des affaires de choix à faire dans une histoire balisée.) Autre gag : la voix vers la révolution passe souvent par l'utilisation d'une armée de moissonneuses batteuses, une chose qui est réellement arrivé dans la réalité... après la parution de ce livre.


A ce titre, l'invention des PolBot, des policiers robots ultra-violents est une meilleure idée du livre, ceux-ci étant recyclé à partir de vieilles statue du musée Grevin ce qui fait que si on voit Jean-Michel Jarre au milieu de la foule il faut se barrer, et qu'on a un Maitre Gims avec un Famas en train de tirer sur des grévistes. Pour le coup, cela permet de se payer des célébrités, à moindre frais vu que les sévices sont fait sur leur avatar robots.


Le livre à le mauvais goût de proposer des combats à faire au dé (et que j'ai pas fait, j'ai juste pas envie de me balader avec un dé à porté de la main) et du coup, je considérais systématiquement que j'avais perdu la bataille et suivait la pénalité, sauf en cas de mort totale où je lisais le paragraphe de mort et revenait à l'embranchement précédent. De toute façon, sur un paragraphe de mort, le livre nous indique qu'on est quand même un peu bête d'avoir voulu suivre les règles à la lettre. (Et il y a un paragraphe où les points de combats des adversaire n'est même pas indiqué.)


Le jeu initie aussi les "points de roublardises" un moyen de plus ou moins avoir une indice sur le bon choix a faire au prochain chapitre. Personnellement, j'ai surtout utilisé les autocollants fournis avec le livre comme marques pages que j'ai utilisés comme repère au fil de mes pérégrination, ma lecture étant aussi celle des mauvais choix.


Je me suis aperçu assez vite que l'option de suivre le personnage Jeanne-Chloé un peu partout est souvent le bon choix (à quelques exceptions près.) Celui-ci servant de bonne pote qui rue dans les branquards, voire d'intérêt amoureux. Même si le livre plaque des parenthèses pour servir d'écriture inclusive, on sent que le personnage principal était écrit comme un homme hétéro cis (notamment lors d'un flashback où il se présente à l'élection des délégués pour draguer.)


Bon, après lorsque l'autre personnage à suivre s'appelle Maxime Lefourbos, tu te dit qu'il y a anguille sous roche


Comme tout jeu à choix, j'ai essayé de faire différentes routes pour voir ce qu'il s'y passait. A vrai dire, le chemin du récit est assez balisé et c'est surtout la façon d'arriver à tel ou tel "noeud" du récit qui change. Seul nos déconvenues dans les batailles ou certains mauvais choix nous amènent à des séquences inédites : un passage au commissariat, une rencontre avec un Ours, un combat de moissonneuse batteuses contre des robots au son de Carmina Burana, un combat contre des chats mutants dans les égouts et beaucoup de mauvaises fins. A noter qu'il y avait un passage dans un supermarché qui me faisait de l'oeil et que j'ai triché pour y accéder. Dommage c'est un des passages les plus fun du livre, celui-ci nous obligeant à imaginer un plan dans un certain ordre et de voir le résultat.


Merci à ce livre, je suis maintenant fin prêt pour la lutte finale.


le-mad-dog
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Créée

le 3 juin 2024

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