L'Empire de la honte par Underwriter
Alors que je me baladais dans les rayons à la recherche d'un ouvrage intéressant, je tombe sur « L'empire de la honte », de Jean Ziegler. J'avais déjà vu ce livre il y a quelque temps, et, accroché par ce titre plutôt parlant, j'ai profité de la sortie en format poche pour investir et apaiser ainsi ma curiosité grandissante. Je savais que « L'empire de la honte » était un livre politique, cherchant à délivrer un message choc. Loin d'être naïf des intérêts occidentaux au sein de différentes organisations soi-disant d'intérêts généraux, j'ai pourtant reçu le choc annoncé à la lecture de ce livre. Et si mes yeux étaient déjà ouverts sur certaines vérités malsaines, « L'empire de la honte » m'a donné la baffe nécessaire pour ne plus trouver tout ça si normal...
« L'empire de la honte », c'est un plaidoyer écrit par un occidental travaillant à l'O.N.U. contre une terrible réalité que l'on nous assène comme un mécanisme irréversible et normal : la Dette des pays en voie de développement. La Dette, ce n'est pas que de l'argent que l'on doit à son banquier pour un emprunt, car à l'échelle d'un pays, la Dette est un terrible goulet d'étranglement dont les échéances obligent ces pays à emprunter toujours plus, simplement pour la rembourser. Le développement du pays est mécaniquement bloqué, et toutes les richesses que les multinationales occidentales n'ont pas exploitées part dans le remboursement de cette Dette.
La Dette devient le moteur de la faim, la malnutrition engendre des dégénérescences empêchant le peuple d'utiliser le peu d'énergie qu'il lui reste pour autre chose que sa survie, que les multinationales agro-alimentaires et pharmaceutiques exploitent alors pour vendre ou expérimenter divers produits qu'ils savent pourtant déficients, en ayant paradoxalement appris à devenir indispensables à une survie bradée...
Jean Ziegler sait de quoi il parle. Homme politique né en Suisse en 1934, il est aussi sociologue, écrivain, mais surtout rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation du Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies de 2000 à 2008. Il est actuellement membre du comité consultatif du conseil des droits de l'homme des Nations unies.
Découpé en parties expliquant le mécanisme de la Dette, subdivisés en chapitres thématiques, « L'empire de la honte » s'avale plus qu'il ne se lit, et l'on enchaîne les pages sans se rendre compte du temps qui passe, découvrant ainsi le fonctionnement et la terrifiante influence de groupes et lobbys de pressions sur des organisations aussi anciennes que honorables et que l'on pensait indépendantes. Seul bémol : la propension qu'à l'auteur d'insister lourdement sur des qualificatifs révolutionnaires tels que « Néo-féodaux », « Nouvelles féodalités capitalistes » et autres exagérations dont la redondance vient rapidement à bout des plus patients. Dans les faits, il n'a pas tort, mais sa manière d'insister est telle qu'elle en devient pénible. Mais cela n'enlève rien à la qualité de l'ouvrage.
Si vous faites partis de ces nostalgiques du colonialisme, d'une certaine conception de l'ordre du monde ou le fort doit forcément écraser le faible, alors « L'empire de la honte » n'est pas fait pour vous. Quand à ceux qui veulent voir le monde autrement que ce que leur servent les médias, si vous souhaitez découvrir un récit écrit des mains d'un homme à la fois acteur et témoin des coulisses du pouvoir, alors « L'empire de la honte » vous fera un choc. Et quel choc !
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