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L’emprise des rêves : un anneau de Moebius en guise de trajectoire !

L’emprise des rêves est peut être de la SF. Je dis « peut être » car d’une part la notion de multivers pourrait aussi bien relever du fantastique que de la science-fiction, d’autre part il se pourrait bien que ce soit réel… Oui, c’est une question philosophique à laquelle nous sommes confrontés avec cette notion : partant du postulat que chacun de nos choix modifie en conséquence notre univers, y a-t-il un monde parallèle où l’on a choisi une autre option ? S’il peut y avoir deux univers, alors il pourrait y en avoir des milliers, des milliards ? Chaque choix créant une bifurcation et donc un dédoublement… Voilà le multivers. On pourrait alors catégoriser ce roman en philo-fiction ?
Non seulement il y a à prendre en compte l’influence des actes et des choix de chaque humain, mais Simon Sanahujas ajoute encore les rêves et les fictions imaginés par chacun…qui créent autant d’univers. Là où l’on passe clairement dans la fiction et l’on est plus dans la philo, c’est lorsque l’auteur imagine entre ces mondes possibles des « portails » par lesquels ils se joindraient. Voici le cadre posé, et nous y suivrons Abyaël et Zoé, entre autres personnages, chacun lancé dans une aventure où ils évoluent de monde en monde grâce à leur codex du Multivers. Abyaël a pour mission de préserver Zoé d’un danger imminent, Zoé cherche à déjouer un complot et à retrouver une personne qui peut l’aider (et plus si affinité…)
Les mondes traversés sont soit des variantes de la terre (U19), soit des mondes imaginaires, souvent inspirés de fictions, voire d’œuvres picturales comme SD4, qui rend hommage à Dali avec ses éléphants aux pattes d’araignées et ses pluies de montres molles. Le personnage de Dalem évolue dans un monde médiéval et guerrier, et celui de Vinhyu est une légère variable de notre monde actuel. Pourquoi parlè-je d’anneau de Moëbius dans le titre ? Et bien parce que la double aventure, avec sauts de monde en monde des principaux protagonistes, se trouve n’en faire qu’une seule. L’auteur nous laisse penser qu’il y a deux faces à la narration…et nous révèle in fine, qu’il n’y a qu’une seule face que l’on peut suivre du doigt, comme sur un anneau de Moëbius. Rappelez-vous l’expérience : prenez une languette de papier, faites lui faire une torsion et faites se toucher les bouts : si vous suivez du doigt un face…c’est infini. C’est pourquoi le 8 couché représente l’infini. Cela me rappelle la nouvelle de Arthur H. Clarke, Le mur des ténèbres. C’est en grande partie grâce à un travail méticuleux sur la temporalité que le prodige a lieu.
L’autre point fascinant du récit est la scène encadrant le récit (prélude et postlude comme dirait l’auteur). Il y met en scène sa propre fin, ou celle de son double écrivain, selon comment vous l’interpréterez. On pourrait penser que tout le récit ne sert qu’à justifier la possibilité de cette scène : l’existence du Multivers et les voyages inter-monde rendent possible cette scène de pur fantasme pour tout auteur : la visite d’un se ses personnage.

Un roman troublant et pensant, qui n’oublie pas de nous faire rêver.
ClaireLadoc
10
Écrit par

Créée

le 5 déc. 2014

Critique lue 82 fois

ClaireLadoc

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