"L'Enfant de l'oeuf" d'Amin Zaoui : bon chien, va dans ta Nietzsche !

Prenez un chien comme narrateur, son maître moitié misanthrope moitié jouisseur absolu, prenez l’Algérie d’aujourd’hui avec ses beautés et ses travers, prenez également Nietzsche, les régimes autoritaires d’Afrique du Nord, l’islam et plusieurs autres choses encore. Remuez allègrement. Disposez le tout au fil d’une plume en pleine explosion. Parsemez votre préparation de talent et de justesse. Dégustez. Vous voulez d’autres secrets sur cette recette de L’Enfant de l’œuf d’Amin Zaoui publié chez Le Serpent à Plumes ? Lettres it be vous les donne nulle part ailleurs que dans cette chronique.


La bande-annonce


Harys, le narrateur, est un bon chien, un caniche qui aime son maître, qui aime ses chaussettes puantes, son haleine parfumée au vin rouge, sa voix quand il chante Bécaud. Ils habitent tous deux à Alger et son maître a pour maîtresse une chrétienne réfugiée de Damas, au corps vibrant de désir et à l’âme bouleversée par la guerre. Ce trio bancal, cacophonique, passionné, tient le journal de sa lente destruction dans une Algérie rongée par l’islamisme des Tartuffes. Magnifique, douloureux et fantasque, tel est L’Enfant de l’œuf, neuvième roman d’Amin Zaoui où l’auteur, avec un plaisir et une méthode qui rappelle le Sade de La Philosophie dans le boudoir, s’en prend systématiquement à toutes les formes d’autorité, au nom de la liberté.


L’avis de Lettres it be


Vous l’aurez compris, ce roman est un petit feu d’artifices où se croisent et se recroisent diverses thématiques abordées par un narrateur canin pas piqué des hannetons. Oui, oui : Harys, gentil chien-chien à son maî-maître est bel et bien le narrateur de cette histoire. Allez, trahissons un secret tout de suite : son maître, Moul, prend la parole de temps à autre. De sorte à ce qu’on puisse confondre, chapitre après chapitre, le maître et son chien. Une heureuse confusion. Le meilleur ami de l’Homme, on vous l’a déjà dit !


Amin Zaoui propose un roman terriblement intelligent, malin. Chaque chapitre est un aboiement joyeux, un avertissement des écueils qui nous rongent et nous menacent jour après jour. Mais loin de n’être qu’un avertisseur de moralité qui clignote trop fort, L’Enfant de l’œuf se positionne avec une justesse impeccable entre la légèreté de la drôlerie et la gravité du regard sur notre époque. On développe petit à petit l’impression de lire du Nietzsche qui aurait forcé sur les croquettes Royal Canin. Cette hauteur de vue sur nos sociétés, ce pessimisme lucide, autant d’éléments qui confèrent tout l’aplomb de ce roman. Ainsi parlait Harys-toustra …


La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be : https://www.lettres-it-be.fr/critiques-de-romans/auteurs-de-u-%C3%A0-z/l-enfant-de-l-oeuf-d-amin-zaoui/

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le 13 déc. 2017

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