Cet oeuvre, aussi triste soit-elle, vaut vraiment le détour. J'ai eu l'occasion de la lire dans le cadre de mes études, non pas par obligation, mais par choix, puisqu'elle m'a servi à étoffer une réflexion sur l'écriture de soi, à la frontière entre autobiographie et autofiction.
Mais assez parlé de théorie.
L'enfant éternel, c'est l'histoire d'un père qui, pour faire le deuil de sa fille Pauline, emportée par un cancer des os à l'âge de 4 ans, décidera de faire un roman de leur histoire.
En effet, grâce à ces pages, l'auteur construit un souvenir puissant. Et c'est avec beaucoup de précisions que Philippe Forest raconte cette dernière année vécue avec sa femme et sa fille, de l'annonce du diagnostic, jusqu'au décès de cette dernière. Beaucoup d'émotion donc, dans ce livre qui retrace à merveille la force de caractère de la petite Pauline, les espoirs sans cesse déçus de ses parents, leurs petites joies éphémères : l'acquisition d'un petit animal de compagnie, une journée à Disneyland... Mais aussi toute une réflexion sociologique sur ce regard que pose le commun des mortels sur ceux qui se retrouvent dans une telle situation, impossible.
Cela a pour effet de véritablement bouleverser le lecteur sans pour autant le faire céder au désespoir. Et pour cause. La volonté de l'auteur, bien loin de vouloir attirer la pitié, c'est avant tout d'ouvrir les yeux de ses lecteurs sur des sentiments bien trop souvent passés sous silence. La faute certainement à notre monde, souvent en proie à une pudeur étouffante. Mais aussi, dans la lignée de Proust, d'essayer de « sauver ce qui peut l’être du désastre du temps ».
L'auteur reviendra sur la mort de son enfant dans un deuxième livre intitulé Toute la nuit.