L'Épée de l'Orage est le premier tome de la saga Rigante du prolifique David Gemmell. Un cycle d'héroïc fantasy de quatre tomes, découpé en deux duologies accessibles indépendamment.
En bref : dès l'enfance Connavar est l'essence même du jeune Rigante. Brave, franc, fier de son peuple et de ses traditions, il cache aussi une colère sourde qui ne demande qu'à se libérer. Tandis que les nombreux clans Rigantes vivent leur vie au fil des razzias, petites guerres et défis, honorant les dieux Seidthes, la cité de Roc prospère et étend son domaine. Rigoureusement civilisé par de puissantes armées, les terres de Roc s'étendent sans cesse et tôt ou tard ils s'en prendrons aux Rigantes dans leur conquête du monde. C'est ce que constate Connavar lors d'un voyage à l'étranger en compagnie du marchand Banouin. S**'ils veulent survivre, les Rigantes vont devoir combattre, mais plus que tout ils vont devoir s'unir face à un ennemi commun**. Mais entre le menace de Roc, les raids hostiles des pirates et les dissensions internes, il ne faudrait pas oublier la terrible déesse Morrigu qui tisse ses fils, accomplissant des vœux pour mieux manipuler les hommes et les mener à leur perte.
J'aime beaucoup David Gemmell et le cycle Rigante ne fait pas exception. Comme de juste on retrouve un certain nombre d'ingrédients fétiches qu'il saupoudre dans chacune de ses histoires, à chaque fois un peu différents mais toujours aussi savoureux.
L'Épée de l'Orage, c'est un conflit d'envergure qui se prépare, la mise en place dans le sang et les larmes d'une tragédie qui verra se fracasser deux peuples et deux cultures. D'un côté on a une civilisation fortement inspiré de la Rome antique : Roc. Beaucoup de références pointent dans ce sens, que ce soit au niveau du gouvernement, de l'expansion de la République, de ses méthodes pour retourner les peuples contre les autres, un à la fois et enfin de cette certitude qu'avec leur marbre blanc et leurs bains fréquents ils apportent tout ce qu'un peuple peut désirer. A l'opposé du spectre les Rigantes, eux aussi inspirés des peuples du passé, des Celtes et probablement des Écossais même. A leur culture orale et leur côté mal dégrossi s'ajoute un sens aigu de l'honneur (même à la guerre), un respect de la nature et des vieilles divinités.
Même s'ils ne sont présents qu'à l'arrière-plan, les dieux jouent en effet un grand rôle dans la vie Rigante. Bien que déclinant à mesure que l'époque moderne tente de les dompter, ils sont une force sur qui compter. S'ils ne sont pas mauvais à proprement parler, ils ne sont clairement pas "bons" : ils agissent pour des motifs échappant aux mortels. Telle la Morrigu, sorcière terrifiante qui accorde parfois des vœux à double sens comme dans les contes se finissant mal.
On l'a compris, la culture, la magie et même la religion sont présents dans le cycle Rigante. Et pourtant c'est aux personnages que revient une fois de plus le grand mérite de l'écriture de Gemmell. Évidemment le personnage principal, Connavar a la part belle d'aventures. On suit ses pas depuis sa naissance, ses amours, ses victoires mais aussi ses terribles échecs et les plaies béantes de son âme.
La lutte entre le bien est le mal est un autre thème récurrent de l'auteur, mais ce manichéisme ne se retrouve jamais dans les hommes, seulement dans les forces divines qu'ils servent. Ainsi même les plus grands héros Rigantes ont commis des horreurs, même les pires brigands peuvent faire preuve de bonté à l'occasion. Pour le guider sur le droit chemin, Connavar pourra s'appuyer sur Ruathain, son père adoptif, Parax le chasseur habile, Fiallach le guerrier brutal par excellence. Mais aussi Banouin le marchand avisé, Vorna la sorcière à l'histoire tragique et même la Morrigu. Autant de personnages qui même secondaires ont leur histoire et dont on ressent les joies et les peines avec empathie.
Mon coup de cœur va cette fois à Ruathain, un guerrier ayant appris la sagesse dans le remord, une figure paternelle, faillible, certes, mais avant tout un véritable ami et support pour les Rigante. Le drame de son histoire (notamment en amour) m'a d'avantage touché en un sens que celui du destin de Connavar.
Ce premier tome est peut être le plus violent des quatre, parfois un peu trop simpliste dans sa résolution (le deuxième reste mon préféré), mais on ne peut lui dénier ses qualités ! Lire du Gemmell, c'est toujours faire le plein d'aventure, assister à la cruauté humaine sans fard, voir la réussite puis la chute de grands héros. Un style haut en couleur et sans concessions qui met en valeur des personnages mémorables.
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