J’ai trouvé ce petit roman par hasard, dans un vide-grenier, entre un dictionnaire médical des années 80 et un livre de recettes oubliées. La couverture m’a tout de suite tapé dans l’œil. Mais bon… ce n’était pas vraiment mon style. Alors il a dormi trois bonnes années dans ma PAL (oui, cette pile qui n’en finit jamais). Jusqu’au jour où, allez savoir pourquoi, je l’ai ouvert. Et là… magie.
"L’Épouse hollandaise", c’est un vrai bonheur de lecture. Un concentré d’imagination, de mystères et de dépaysement. On y entre comme dans une vieille malle pleine de lettres jaunies, de souvenirs poussiéreux, et de secrets de famille bien planqués.
Dès la première ligne, on est happé : « Aimable lecteur : j’aimerais te raconter un incident qui date d’il y a dix ans… ». L’auteur nous prend par la main, nous tutoie, et c’est parti pour une drôle d’aventure.
Un écrivain s’installe près de Toronto avec sa femme, dans une maison ancienne voisine d’une autre. En fouinant un peu, il tombe sur une bibliothèque remplie de vieux trésors, et sur un voisin tout aussi précieux : Thomas Vanderlinden, érudit à la retraite, qui va peu à peu lui livrer une histoire incroyable.
Tout commence avec une photo. Celle de Rachel Vanderlinden, la mère du voisin. Un jour, un homme se présente chez elle et lui dit : « Je suis votre mari. » Sauf que… le vrai mari, un explorateur ethnologue, n’est pas encore rentré. Et là, coup de théâtre : elle le laisse entrer. Sans poser de questions. Sans chercher à savoir. Et à partir de là, tout s’emballe.
On embarque dans un récit aux accents de Jules Verne, avec des bateaux échoués sur des îles perdues, des personnages farfelus mais attachants (mention spéciale au savant foldingue et au baroudeur sarcastique), et une narration à tiroirs qui change de main sans crier gare. Chaque chapitre est une trappe. Chaque rebondissement, un pas de côté. On avance sans trop savoir où on va, mais on y va avec plaisir.
Et le plus fort, c’est que tout cela est raconté avec un sérieux désarmant. C’est là que réside le charme : ce décalage savoureux entre l’extravagance des faits et la sobriété du ton. On retrouve ce goût des récits d’enfance, ces histoires à dormir debout qu’on se racontait le soir, mais ici, avec une plume adulte, élégante, pleine de malice et de références fines pour les amateurs de littérature.
Ce livre est un hommage aux grands romans d’aventure, un clin d’œil tendre à nos imaginaires d’enfants, et une démonstration éclatante de l’art de raconter. On referme le livre avec le sourire, un peu sonné, un peu rêveur.
Comme quoi, chiner peut encore mener très loin… jusqu’au bout du monde.