3e incursion dans l'univers de Jean Echenoz, cette fois beaucoup plus en amont de sa carrière puisque L'équipée malaise a été écrit dans les années 80. Et je dois dire que je l'ai ressenti rapidement. Le style m'a paru bien plus austère que dans Les Grandes Blondes et Envoyée spéciale, même si le décalage par rapport à l'intrigue et l'exercice visant à malmener le lecteur trop crédule sont bien présents.
Dans un premier temps, j'ai surtout eu un peu de mal avec la multiplicité de personnages dont on imagine tout de suite qu'ils se croiseront au cours du roman, mais qui d'abord coexistent d'un chapitre à l'autre sans être tout le temps bien identifiés. Là où le style de Jean Echenoz est toujours un peu intriguant, j'ai trouvé que dans ce roman, il desservait parfois la lecture en demandant plusieurs relectures et en n'étant pas toujours suffisamment dynamique pour maintenir le suspense nécessaire à faire tourner les pages au lecteur.
Heureusement, il y a la certitude que l'auteur nous dénichera forcément quelque aventure alambiquée et que ça vaut bien le coup de s'obstiner. De ce point de vue, je n'ai pas été déçue. Entre fuite en avant et personnages décrépis, on retrouve bien tout ce qui rend la littérature d'Echenoz si étrangement satisfaisante, drôle et dérangeante, voire... "malaisante".