Destruction de l'État parasite

Lénine rappelle avec véhémence que le communisme, nourri de l'expérience la Commune de Paris, a bien pour intention la destruction de l'État, et non pas sa conquête. L'État est un pouvoir de coercition bourgeois qui n'a pour objet que la répression de la masse prolétaire afin de servir les intérêts de la bourgeoisie. La dictature du prolétariat qui advient dans la première phase de la révolution a pour fonction de préparer le terrain de la société communiste future, en expropriant les capitalistes des moyens de production afin qu'ils soient soumis au seul pouvoir ouvrier. Celui-ci qui aura pour tâche de réagencer les moyens de production de telle sorte que le prolétariat puisse décider de leur orientation et les contrôler de bout en bout. Pour rompre avec la logique bureaucratique capitaliste, les fonctionnaires doivent être révocables à tout moment et obtenir un salaire égal à celui des ouvriers, afin de faire barrage à toute volonté opportuniste. La seconde phase de la révolution verra alors l'État s'éteindre, puisque celui-ci ne sera plus l'action dirigée d'une classe contre une autre, et chacun trouvera dans son travail une jouissance matérielle et intellectuelle, puisque chacun participera à la vie de la société communiste future. Hélas, on sait que l'URSS deviendra bientôt une machine bureaucratique infernale et que ces idées-là ne seront guère respectées. Un siècle plus tard, on grince des dents devant l'idéologie productiviste que défend Lénine, ainsi que certains élans autoritaires. Néanmoins, cette lecture permet de casser quelques idées reçues sur la révolution soviétique et la doctrine que défendaient les révolutionnaires d'alors. Il faudra aussi passer outre le style lourdaud et pamphlétaire de Lénine, qui rend parfois la lecture pénible.