Ce qu’il y a d’intéressant avec ce livre, c’est qu’il accomplit deux objectifs différents : le premier étant de parcourir l’histoire de la philosophie en allant de philosophes en philosophes et en se penchant sur certaines de leurs idées majeures, et l’autre étant d’inviter inlassablement le lecteur à philosopher à son tour. En effet, ce livre ne se contente pas d’énoncer une succession de faits, il ne livre pas une histoire de la philosophie froide et détachée de son sujet. Non, ici le but est de revivre l’étonnement qui a poussé les philosophes à penser. Il faut d’après Jeanne Hersch, imiter le philosophe qu’on étudie, essayer de faire notre ses questionnements et son mode de penser. Cela veut aussi dire mettre de côté nos jugements un peu hâtifs sur ce qui peut paraître bancal dans sa pensée. Car au fond, pour elle ce qui est important n’est pas que les philosophes aient raisons sur tout: ils ne le peuvent, mais bien de cheminer avec eux dans la recherche de la vérité :
L’existence ne s’ouvre pas à des « idées » pour les insérer sans résistance aux siennes propres. Elle s’ouvre à l’autre existence, à l’absolu dont celle-ci vit - et elle fait plus que s’ouvrir, elle éprouve, elle s’approprie, elle lutte, car c’est son propre absolu qui est en jeu quand elle rencontre celui de l’autre.