Écrit pour la jeunesse, L'étrange vie de Nobody Owens se lit aussi bien lorsqu'on a largement passé le stade de l'âge adulte. Les fans de Tim Burton, ai-je besoin de le préciser, auront toutes les chances d'apprécier l'atmosphère néo-gothique du roman, proche de l'univers du cinéaste.
Les événements relatés au tout début de l'histoire nous ramènent inévitablement à Harry Potter, ce qui m'a fait craindre un moment le pire, mais le récit prend très rapidement une autre tournure. Bon, le massacre de la famille de Bod rappelle aussi Nerverwhere, difficile de le nier. C'est sans doute un petit reproche que l'on peut adresser à Neil Gaiman, que d'avoir repris en partie un scénario de départ assez similaire à celui d'un autre de ses romans. Pour autant, j'ai passé un moment agréable et divertissant dans le cimetière de Bod, personnage à la fois joyeux et mélancolique, dont la vie ordinaire est monotone, puisqu'il lui est interdit de se montrer ou de sortir de son lieu de vie, mais dont partage les aventures avec entrain - notamment la virée effrayante avec les goules. Neil Gaiman a également pas mal travaillé les personnages secondaires, chose appréciable. Cerise sur le gâteau, l'humour est constant et fait mouche (alors que j'avais trouvé l'humour de Nevewhere plutôt lourd).
En revanche, notre auteur ne se serait-il pas montré un peu trop empressé d'en terminer avec son livre ? La fin est tout de même expédiée manu militari, nous laissant sur notre faim, avec beaucoup de questions sans réponses. Non pas que je sois contre une fin ouverte, ou l'idée de faire travailler l'imagination du lecteur : au contraire, je trouve pas mal qu'on n'en sache pas plus sur le souterrain ou la ville de Gölheim. Mais on ne peut tout de même pas laisser les lecteurs en plan sur tous les points, ça ne se fait pas, Monsieur ! Du coup, je trouve un peu facile de rester dans le vague le plus complet concernant les Jacks et Silas.
Reste un roman qui se lit vite, qui est sympathique tout autant que gentiment macabre, et qui divertira presque à coup sûr ses lecteurs.