L'étrangère aux yeux bleus fait partie de ces livres que j’ai commencés sans trop y faire attention, mais que j’ai lus d’une traite et qu’une fois la dernière page tournée, je me suis rendue compte à quel point le roman, sous ses airs d’à priori pas grand chose, m’avait passionnée. Ce que j’ai surtout aimé, ce sont les multiples directions qu’il prend et pourtant sans jamais se perdre. Au contraire, le thème de l’autre et de la rencontre des cultures, la description fine de la culture tchouktche, les histoires d’amour et de filiation, la notion de transmission, l’interrogation d’une certaine moralité scientifique chez une ethnologue, le récit historique... se sont mêlés et nourris pour donner une histoire passionnante et pleine de lectures différentes. Il y a aussi un caractère brut qui ressort de cette écriture sans fioriture, et qui nous amène finalement à l’essentiel : l’histoire et les personnages. Enfin, Youri Rytkhèou, Tchouktche lui-même, fils de chasseur et né à Ouelen, n’a eu de cesse de parler de son peuple dans ses romans, ses poèmes et ses articles, dénonçant le “génocide silencieux” dont ont été victimes les siens. Lire ce livre, c’est aussi découvrir l’Histoire et la culture d’une ethnie malheureusement trop peu connue.