Pierre Bordage est un auteur de science fiction et L'évangile du serpent, premier volet d'une trilogie consacrée à la religion est plutôt un roman d'anticipation, mais très légère (voire un peu bidon, vu qu'elle sert essentiellement à trouver une explication plausible à la fin du livre de 550 pages). Le sujet du roman c'est surtout la religion et une très bonne question : sommes-nous prêts à accueillir un nouveau Messie. Nous, c'est bien sûr les français en général, et les catholiques en particulier. Des autres religions il n'est pas fait mention. Il n'est d'ailleurs pas vraiment fait mention des opposants de manière claire, ils sont juste présentés comme un "ils" manichéen, car l'auteur prend clairement parti en faveur de son Messie new age, le Christ de l'Aubrac.
L'histoire est racontée au travers de quatre personnages qui sont présentés comme ses disciples, mais à part le fait qu'ils sont 4, je ne fais pas le lien avec le nouvel évangile... La dissociation du récit en différents personnages est surtout un moyen de rythmer le récit en l'abordant de plusieurs points de vue et en usant des clifhanger de fin de chapitre pour accrocher le lecteur...comme dans GoT, Chattam, Granger et à peu près toute la littérature moderne.
Les quatre protagonistes sont :
Matthias, un tueur à gages qui se fait recruter par les services secrets et doit infiltrer un groupe terroriste, le djihad international, qui prépare un attentat meurtrier à Disneyland (dont la similitude avec le 13 novembre fait froid dans le dos).
Marc, un journaliste blasé qui doit faire une reportage à charge sur le Christ de l'Aubrac. Il est ensuite pris d'une crise de conscience et il décide d'enquêter sur le fameux Christ et ses opposants.
Lucie, une strip teaseuse du net qui, après un viol particulièrement douloureux, convole avec un de ses clients et devient une disciple du Christ de l'Aubrac.
Enfin, Yann, véritable disciple du fameux Christ, le personnage à travers lequel on côtoie ledit messie.
C'est du Bordage, donc ça se lit bien, mais il manque à l'auteur un brin de paranoïa à la Philip K Dick pour donner un peu de sel à cette intrigue complotiste, les justes contre les mécréants. Au contraire, l'évangile du serpent tourne en rond, se perd en histoires secondaires prétexte inutiles. A trop vouloir en faire, en mêlant romance, roman d'anticipation, conte philosophique, enquête policière, Bordage effleure tous les styles, n'en choisit aucun et produit au final un roman assez creux.
L’évangile du serpent aurait fait un bon Houellebecq, avec plus de cul, plus de cynisme, plus d'introspection...Bordage s'est un peu paumé dans un livre trop ambitieux. Heureusement les deux autres tomes de la trilogie des prophétie sont d'un autre acabit.