L'Homme du néant

Résumé : L'homme du néant, c'est Hitler. Mais en cela, il n'est que l'expression la plus complète de l'homme moderne. Ce néant, en effet, c’est la discontinuité par laquelle tous les liens sont rompus avec le passé et qui fait qu'on ne vit plus que dans le moment présent. Tout favorise cette dispersion : la presse, la radio (« homme est absent, il ne reste que l'appareil »), l'agitation des villes, l'isolement au sein des masses. Même là où il semble que l'on devrait trouver quelque unité, les usines, les réunions publiques, il n'y a que multiplicité, et c’est la machine qui tient lieu de tout, même de pensée, même de moralité. Bien plus, cette machine est indifféremment et successivement employée pour tout, ici pour l'éducation, là pour des massacres en série : « four crématoire et salles de concert étaient juxtaposés ». Aussi bien les discours d'Hitler étaient-ils des cris, des slogans, des mots d'ordre, un « dynamisme pétrifié », et non une doctrine.