L'homme qui faisait chier le lecteur

L'homme qui rit fait partie de ces livres dont personne n'ose dire du mal parce qu'il est écrit par un grand écrivain français. Et pourtant à sa sortie en 1869 les avis étaient mitigés. Mais non, on ne peut pas en dire du mal, c'est forcément l'oeuvre d'un génie et donc un livre génial.

J'ose le dire : c'est un livre de merde.

Déjà il fait 829 pages. On les sent bien passer. A l'époque le livre est sorti en plusieurs volumes ce qui rendait la lecture plus aisée.

L'homme qui rit est un faux roman. C'est un "drame historique" selon Hugo lui-même. Je pense qu'il s'agit avant tout d'un wikipedia sur l'aristocratie anglaise teinté tout du long d'une critique des puissants. L'aspect romanesque est quasi inexistant ou alourdi par ce que je viens de dire précédemment.
Dans son livre Hugo veut crier haut et fort pour la énième fois que les monarques, les lords et autres barons sont des salauds d'exploiteurs alors que les petites gens crevent dans leur fange. Ce qui, à l'époque, n'était pas tout à fait faux. Mais c'est un message tellement rabâché que c'en devient tarte à la crême. Tout dans ce livre doit conduire au point culminant qu'est le discours de Gwynplaine devant la chambre des lords. Enfin, le discours de Hugo devrais-je dire tant Gwynplaine apparait comme un personnage fonction qui ne sert que pour ce moment là (le mec est élevé par un saltimbanque et pourtant s'exprime comme un académicien...).

Ce livre est foutrement mal construit. Encore une fois je pense qu'en volumes la pillule passe mieux. Là on se tape des pages et des pages de leçons sur l'aristocratie anglaise. C'est du copié/collé d'encyclopédies de l'époque. Comment ne pas s'éloigner de l'histoire de Gwynplaine et Dea avec ces conneries? Hugo se transforme en père castor à tout bout de champ. Et que je t'explique le fonctionnement d'un bâteau et que je t'explique la différence entre pair de France et pair d'Angleterre etc. Wikipedia je vous dis. Et quand ce n'est pas ça ce sont de longs passages chiants. Comme le naufrage du bateau ou la rencontre avec Hardquanonne. Hugo en rajoute des tartines, encore et encore. Jusqu'à la nausée. Putain fais avancer ton histoire merde!

C'est tout le problème, l'histoire racontée est non seulement improbable mais est surtout creuse à mourir. Tout prend trois plombes jusqu'au moment où ce fadasse de Gwynplaine devient pair et là bim en deux temps trois mouvements il fait son discours, il déprime et revoit ses vieux compagnons. Au passage jolie fin de merde à base de deus ex machina et de morts autant soudaines que débiles (mon dieu Déa, ferme donc ta gueule!). Hugo se débarrasse ni vu ni connu de personnages qui ne lui servent plus à rien. Seul Ursus a un peu de corps et de cohérence.

Le style hugolien est lourd. Toutes les deux phrases on a l'impression qu'il nous tente une envolée poétique qui alourdit le discours au lieu de l'embellir.

Lire l'homme qui rit c'est se lancer dans une longue séance de masochisme. C'est lourd, ce n'est clairement pas un bon roman et niveau critique de la société c'est un enfonçage de portes ouvertes en bonne et due forme. Peut être que le message qu'il véhiculait à l'époque était nouveau (même si la révolution française avait près d'un siècle déjà...) mais aujourd'hui ça parait tellement ringard.

En 1869, à la suite des mauvaises critiques au sujet de son livre, Victor Hugo écrivait :
"J'ai voulu forcer le lecteur à penser à chaque ligne. De là une sorte de colère du public contre moi".

Désolé Victor mais la lourdeur de ton style empêche le lecteur de réfléchir. A force de lui assener le même message ou le noyer sous une tonne de détails sur l'aristocratie anglaise le lecteur s'ennuie, s'agace et n'a jamais le temps de penser ou, pire, de rêver!