Liberati réussit avec l'hyper Justine le tour de force de délivrer un texte à l'apparence nébuleuse mais qui se révèle au final d'une immense clarté. De mettre en scène des personnages marginaux, paumés, en recherche de leur moi et côtoyant comme souvent le malsain et le sublime. Et il y en a des personnages, une véritable faune déliquescente, qui participent de leur plein gré aux traumatismes qui continueront à les hanter une fois sortis de cette nasse juvénile qui les oppresse. Une fois retrouvées la respiration et l'envie de porter plainte contre soi-même pour automanipulation d'esprit faible.
Ce livre est la géniale expression du cauchemar, de la déréliction des jeunes années subie par les plus sensibles qui ignorent encore qui ils sont et la part divine qui les compose. Les passions et la folie qui les poussent à agir les collent encore d'une première peau. La fureur s'oppose à la sagesse, rien n'est encore réglé dans le tréfonds de leur cerveau vacillant.
L'histoire et les intrigues n'ont que peu d’intérêt pour ce roman fait avant-tout d'impressions, de tourments et de mélancolie (carburant du désespoir de l'esprit de fête).
Un Bukowski satanisant n'aurait pas écrit un livre aussi durement réaliste sur l'errance nihiliste d'hommes et de femmes porteurs d'un cœur gelé par la détresse, avec la conviction de n'être pas plus qu'un déchet en mouvement, indifférent à tout élément de morale élémentaire et certainement couvant quelques pathologies à la fois lourdes et bénignes d'ordre psychiatrique.
Pour conclure, un livre particulier qui ne pourra parler qu'à une frange limitée de lecteurs, ceux qui auraient expérimenté les solitudes de l'âme qui conduisent aux mise en danger inconscientes, ceux dont les affres de la suffocation les acoquinent aux plus nuisibles, ceux qui n'ont pas encore rencontré la figure éblouissante, épanouissante et salvatrice du Christ.
Samuel d'Halescourt