Une femme française. Autobiographie de la mère de Michel Houellebecq.

C'est la mère de Michel qui a perdu son fils, qui crie sur des pages à qui le lui rendra surtout pas. C'est le Pierreamo qui a lu tout ça et quasi tout cru...

Je suis sans doute désormais très mal placé pour parler mais si on m'avait demandé d'imaginer la mère de Michel Houellebecq, ja-mais je n'aurais visualisé le personnage que cette autobiographie m'a fait mettre en scène dans mon cinéma intérieur.

Je m'excuse pour le délit de faciès, mais quand je croise le grand écrivain à la télé ou en photo, je repense quasi à chaque fois aux enfants qui descendent du bonzaï dans les 'Idées noires' de Franquin...l'autre enfant étant sans doute Eric Zemmour, séparé à la naissance de Michel?

Alors quelle surprise de découvrir la vie de cette femme, une force de la nature, que j'avoue n'est pas des plus sympathiques à-priori, par écrit...une mère fouettarde croisée à Lara Croft?

Elle ne se décrit pas trop et je ne suis pas allé lire ou voir à son sujet: elle mentionne sa taille, donc elle doit être plus proche d'Annie Girardot qu'Angélina Jolie.

Elle m'a aussi fait penser à Edward Norton, le docteur, dans l'adaptation de 'La passe dangereuse' de Somerset Maugham (elle est Major de la faculté de Médecine d’Alger; ses pages consacrées à ses études, profs, pratiques et lieux d'affectation dont la médecine du travail, sont passionnantes et une incursion dans le passé). Elle a aussi étudié la psychiatrie et s'est passionnée pour le test et écrits de "M. Roschach" (que je connais que grâce à Rorschach le "personnage controversé de Watchmen"...).

Experte en anatomie, elle me fait découvrir l'existence de livres de référence d'alors: ses "Rouvière et Testut, ses irremplaçables livres d'anatomie".

Hyper souvent malade dans son enfance, puis dans sa jeunesse et plus tard très souvent accidentée, elle se remet de tout et semble donner raison au cliché dit Nietzschien "ce qui ne tue pas rend plus fort". J'aurais vécu un dixième de tout ça, je ne serais pas là en train de blahblah-ter sur SC.

Son élan vital qui transpire de ces pages est fa-sci-nant.

Son opinion politique et des idées arrêtées qui transpirent de ces pages sont souvent af-fli-gean-tes ou parfois juste pénibles mais toujours franches.

Je connais mal les écrits de Michel Houellebecq sauf ceux de ses débuts mais on me dit qu'il attaquait sa mère...il avait du courage^^.

Il l'aurait décrite "comme une hippie" décédée: or ce n'est pas une fainéante fumeuse de joints du tout. On reconnait bien là l'ingratitude ou jalousie des avortons physiques. Et vues ses consommation de drogues et moeurs, on se demande bien qui est vraiment le plus hippie ou décédé des deux? Monsieur je fais un film porno à l'insu de mon plein grès...

Si c'est bien une coco, elle semble toutefois joindre ses actes à sa pensée.

Elle...

(à suivre)

Quelques citations ou infos:

_"Je ne me souviens de rien de l'intrigue d'un film à la gloire de la danse, La Mort du cygne, mais peux encore ressentir l'émerveillement dans lequel me plongeaient les évolutions de Ludmila Tcherina et Jeanine Charrat (morte en 2017 à 93 ans). Celle-ci avait mon âge et je m'identifiais complétement à elle." ...mais de la même manière que sa mère lui avait interdit d'apprendre l'Allemand (le "boche"), ses parents lui refusent sa pourtant admission aux petits rats de l'Opéra (futures "putains montées sur des planches" etc.)
_Donc sa mère a refusé qu'elle apprenne l'allemand, fasse de la danse ou s'oriente vers une carrière d'avocat: " ...'une profession d'homme' trancha ma mère; je lui fis remarquer qu'elle venait d'aimer (avec moi le film) 'L'avocate' avec Danielle Darrieux...'la vie c'est pas du cinéma et t'es pas Danielle Darrieux'"...apparemment le film est en fait titré 'Abus de confiance' d'Henri Decoin qui en 1937, donc un peu avant metoo, racontait combien il était difficile pour une étudiante en droit d'y arriver sans être harcelée et abusée sexuellement...et ce résumé que je découvre sur Sc et wiki, rappelle justement quelques mésaventures de cette Lucie Ceccaldi (notamment un capitaine des armées alliées (à Alger?) qui d'un bras l'enlaça "dans un bureau pendant que la main droite me tenait sous le nez un carnet de photos pornos" ? "C'était bien une armée de Libération". ...Déjà des dick pic pour séduire? "Chacun sa manière" commente malicieusement cette Lucie sauf qu'elle crie, fait "voltiger le thé" et le comparse prend la fuite, jamais revu; "arrivée du Commandant...remplacement par un autre très sérieux"...jamais encore embêtée le reste des deux mois.
_"(mon père) me prêta Crime et Châtiment. Ce fût un bouleversement comme je n'en avais jamais eu avec aucun écrivain. J'achetai le livre, je le relus, puis je lus, je crois bien, tous les autres de Dostoïevski. Il me prêta aussi Gorki, et d'autres classiques russes."
...plus tard, elle conseillera aussi de lire "la description de l'île (de la Réunion) par les frères Marius et Harry Leblond pour qu'ils puissent constater le désastre, peut-être avoir honte et ne pas revenir. Pauvre île."
  • ...C'est une vie très mouvementée, plutôt globetrotteuse: il m'est revenu de la lecture des sauts en parachute et une descente en kayak en Afrique qui m'a fait visualiser 'River Wild/La rivière Sauvage' de Curtis Hanson où Meryl Streep a aussi failli mourir ou être blessée gravement pendant le tournage. L'innocente 'perd' aussi un passager...
  • ...Un autre épisode est plus questionnant: celui où, SI j'ai bien compris, la mère de l'autrice va chercher son fils chez sa belle-mère qui le baby-sittait jusqu'alors car quasi 'abandonné'? à eux pour des raison professionnelles...sauf que cette nouvelle gouvernante a, SI j'ai bien compris, 80 ans? et va le chercher et voyage comme Steve Martin dans 'Un ticket pour deux' de John Hughes; la mémé prendra bus, avion, trains et automobile pour aller récupérer le Michel? Telle mère, telle fille, des forces de la nature?!
  • l'autrice n'a "pratiquement pas" élevè non plus sa fille...
  • "la guerre avait décimé le corps enseignant"...un de ses profs lui enseignant la chirurgie m'a rappelé le capitaine amputé de 'Starship Trooper' de Verhoeven: "Pendant six mois il avait voulu mourir. Puis avait décidé de devenir chirurgien." (amputé d'une jambe, pas de la main, comme mon Mickael Ironside)
  • en parlant de Starship Trooper, quand elle apprend le saut auprès d'un ami parachutiste, elle en profite pour "aussi gratuitement apprendre à tirer au révolver"...
  • ...comme le personnage dans 'Call me by your name': elle est l'amante d'un amoureux mais qui se révèle avoir été promis tout du long à une autre...dont il revient marié suite à des congés de l'hôpital où Lucie et lui sont docteurs...la collection Arlequin et de films romantiques sont souvent en dessous de la réalité.
  • la très courte description de son stage d'obstétrique est "apocalyptique" et m'a donné la nausée: Titane et autres fictions de body horror me sembleront bien niaiseuses désormais...(un temps). Pareil pour son court passage plus tard "à Pasteur"
  • ...plus tard elle décrira aussi sa passion pour le travail de Réanimation: une spécialisation si j'ai bien compris...le passage où elle et son équipe s'occupent d'un jeune papa de 30 ans, en burn-out ayant un épisode psychotique à Marseille, est plutôt déchirant.
  • "J'avais peur des sables mouvants depuis une lecture enfantine, L'île aux mouettes"...je découvre qu'elle parle peut-être du 'Mystère de l'île aux mouettes' d'Enid Blyton....ce qui me rappelle ma famille riant devant la télé alors que j'étais un peu inquiet de soudain voir descendre et s'enfoncer mon mister magoo de Pierre Richard dans 'La Chèvre', vu trop jeune, d'un autre oeil que les autres.
  • un ingénieur amoureux l'amène en Bretagne:
_"Du point le plus haut possible, juste au-dessus du clocher, nous contemplâmes jusqu'à la nuit le spectacle grandiose de ces hautes falaises noires de l'abbaye elle-même, et de la marée déjà remontante. Comme c'était beau! Si j'ai un fils un jour, je l'appellerai Michel" (Lucie Ceccaldie au Mont St Michel)
  • "J'avais eu bien tort de me méfier des prêtres ouvriers. le père Jean Marie m'ouvrit la porte de leur petite maison sans étage, tout au bout de la rue de Charenton, près du pont et de l'asile psychiatrique. L'espace était partagé en deux par un rideau épais."...plus tard suite à une rixe, elle se rappelle "Ce fût encore le père Jean qui me trouva un hébergement..."
__"A Alger, j'avais déjà couché avec deux hommes dont je n'avais pas spécialement envie. Un journaliste français en mission et un docteur. D'abord, ils étaient beaux. Ensuite ils faisaient pitié. ...ça me coûtait si peu et leur faisait tant plaisir. Le journaliste me suivait comme un toutou, remontant derrière moi l'interminable escalier du plateau des Glières, en bafouillant: "c'est Vénus, Vénus sortie des eaux". Le Docteur s'était jeté à genoux, m'enlaçait les jambes. Je cédai lorsqu'il commença à se taper la tête par terre (ndA: le loup de Tex Avery?). Par charité, oui...Et puis, autant ils étaient ridicules "avant", autant ils redevenaient intelligents et cultivés "après". Alors, puisque ça finit toujours comme ça, pourquoi ne pas commencer par là? Il ne me vint jamais à l'esprit de faire divorcer le docteur, ni de partir à Paris dans le sillage du journaliste"...Elle m'a rappelé les scènes où Joséphine couche avec Napoléon dans le récent Ridley Scott.
  • sa manière de s'opposer à la non-mixité et surtout ses arguments terre-à-terre m'ont bien fait sourire: "Après on m'essaya à l'UFF (Union des Femmes Françaises). Ce ne fut pas un succès. Je disais que pour changer le monde , le combat des hommes ET des femmes ensemble était plus efficace que le combat en bataillons distincts. Et quoi de plus tristes que ces hordes de gonzesses sans mecs? ça sent l'aigre. Ou de mecs sans gonzesses? ça sent le pinard et le pastis mal digérés. Tandis que pour aller à la réunion mixte, on prend un bain, s'habille coquet, et ça peut sentir le printemps"... (j'ai moins souri à la suite moins amusante et optimiste)
  • ..."Je pense toujours pareil, sauf qu'on ne peut pas changer le monde. On a toujours vu le contraire. Mais que l'espoir revient quand on a compris qu'il n'y avait pas UN monde, mais DES mondes. C'est pour cela que le Coran dit : "El hamdullilah rebi el àalamin" (louange à toi, seigneurs DES mondes, et pas "el àalam" (DU monde). Il faut trouve le sien et pour cela d'abord le chercher. Alors on peut le changer. A condition de s'y tenir avec constance et fidélité. Ce n'est pas un mince travail, ni le plus facile. Cela suffit à occuper une vie."
  • ce qu'il y a d'amusant aussi et combien ce qui lui arrive chez les communistes rappellent l'actualité: "Je fus taxée de déviationnisme de droite" mais plus tard ce sera "déviationnisme de gauche, aggravé d'anarchisme, comportement imprévisible et mauvaises fréquentations (les prêtres ouvriers, les chrétiens progressistes)"
  • _"-je ne renie rien de ces engagements. Nous étions peut-être des idiots illuminés, mais nous ne briguions ni les honneurs, ni la gloire, ni le fric. ça vaut mieux que d'être un imposteur affairiste" (livre publié en 2008...)
  • elle a eu un chien qui gobait des oeufs, percés "d'une canine délicate...laissant la coquille vide et intacte dans la corbeille"
  • elle a vécu à la Réunion et à Pralognan..."la plus belle vallée du monde"
  • _"Les "explorateurs" m'ont toujours agacée, ne se disant jamais que les indigènes l'avaient été avant eux". Les voyageurs, c'est autre chose. Je rêvais de voyages"
    _"Je lui apprenais comment il ne faut pas laisser de traces dans la nature. C'est facile l'écologie : ne pas laisser de traces.". Plus tard, elle pardonne pas au sujet de même Mai 68: "les arbres arrachés".
    • autobiographie lue en 2024 pendant Européennes et Législatives... _"En 1959, La Réunion fut affectée par une épreuve qu'a éprouvé avant, en ce temps et après, toute portion de territoire émergé soumise à l'autorité française: le truquage électoral massif et brutal quand le résultat des élections, que la loi les a obligés à faire, est mauvais pour eux."
    • ...Algérie, La Réunion...harcèlement au travail: _"Pourquoi, lorsqu'ils ne peuvent pas être cruels, sont-ils si minables?" _"Ne pouvant pas (les) mettre en prison, ils cherchaient dans toutes les lois françaises, des motifs de persécution, intentant (...) procès contre procès"... #Procédure bâillon
    • _"Les retrouvailles avec mes amis algériens, ceux qui restaient, furent une grande joie. Beaucoup avaient horriblement souffert de pratiques déshonorantes pour leurs geôliers. Ils n'en parlaient pas. Ces choses-là, il faut en parler une fois pour qu'elles se sachent. Ensuite , il ne faut pas entretenir la blessure".
    • au sujet du cliché , "le monde est petit": j'avais fait un voyage sur l'île de Man où dans le ferry à la centaine de tables, je me suis mis à une au hasard, dont des occupants se sont révélés français et amis ...de mon père: des espions en puissance pouvant raconter le contenu de mon riche plateau repas, son contenu liquide par exemple...ça m'est revenu quand l'autrice 'fuyant' la France et son ex mari au divorce à son avantage (dont l'accaparation d'un terrain et maison en station de ski? revendu une broutille par son fils célèbre) ...elle se 'promène' en Afrique, en recherche de dépaysement et de l'authentique...notamment sur des pistes proches de Niamey (Capitale du Niger) où elle est obligée de s'arrêter à un camping qui se révèle ""tenu un alsacien accouplé à une pute (trop maquillée...), frère d'un pasteur de Metz, et qui connaissait le père de mon ami""
    • avertissement épouvante et body horror: les pages consacrées à la mort de sa mère, puis quand elle se retrouve à la morgue avec son fils très ému par la mort de sa grand-mère... sont inoubliables mais un vrai film d'épouvante...c'est plus de 10 ans avant le succès de l'essai sur des horreurs dans le traitement de nos vieux , Les Fossoyeurs.

    Créée

    le 23 août 2024

    Modifiée

    le 27 août 2024

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