Terry Pratchett a fait des émules en France. Si je pensais que le pendant français du Disque Monde avait été occupée par Catherine Dufour et son cycle "Quand les Dieux buvaient" je m'aperçois que d'autres se sont essayés à la parodie d'héroïc fantasy matinée de commentaire sur la technologie.
Ainsi Jean Claude Dunyach, le co-auteur de l'excellent roman Étoiles mourantes s'y est collé, avec une histoire de troll qui vit dans une mine où il dirige des nains et doit partir de temps en temps en mission pour tataner des sorciers. Pour le coup, ça pourrait se passer dans le Disque Monde tant on est dans la description de Pratchett : les nains sont des personnages barbus qui aiment creuser (et les naines portent la barbe) et les trolls sont des être de pierre.
Dunyach joue d'ailleurs beaucoup sur l'idée qu'un être de pierre puisse parler, se mouvoir et joue pas mal dessus : il bouffe des pierres précieuses, se prend une cuite à l'eau ferrigineuse (idée typiquement française) se fait pousser du lichen pour servir de sous-vêtements, etc... Le personnage principal est ce genre de personne (de troll en l'occurrence) qui cache son intelligence sous une force physique et un caractère bourru et ça fonctionne très bien.
Le livre est composé de quatre nouvelles d'une quarantaine de pages qui se lisent assez vite et de façon assez agréable et forment ensemble une histoire complète dans laquelle, le troll se voit assigner d'un stagiaire puis confie ses livres de compte à un nain beaucoup trop ambitieux. Le parallèle entre monde moderne fonctionne assez bien, on trouve des campings pour troll, des salons de beauté trolls, des plannings de creusage de mine, un festival de rock, etc...
Il y a juste la seconde nouvelle autour d'une mise à jour avec l'utilisation de tablette qui m'a rendu perplexe sur le fonctionnement de leur monde. Après, une partie de l'intrigue est basé sur des jeux de mots et ça fonctionne bien plus que ceux de Pratchett qui étaient difficiles à traduire Ha, et il y a toute une intrigue un peu grivoise dans le troisième chapitre, impliquant le moment où Arthur récupère Excalibur vu du point de vue.... du rocher. Et c'était assez déroutant.
Par contre, l'entrée en matière dans l'univers est assez brute et j'ai l'impression qu'il me manquait une nouvelle auparavant introduisant le personnage principal et sa fonction. En réalité c'est l'inverse, puisque le recueil est suivi de deux autres romans mettant en scène le troll (au nom inconnu.) Et ça me déplairait pas de les lire.