L'Odeur de la ville mouillée par Tavrox
Une quinzaine de nouvelles narrant chacune des morceaux de vie, parfois joyeux, parfois tristes. Mais que des personnages réalistes. J’ai un peu redécouvert à travers ce recueil l’émotion d’une histoire presque anonyme mais bien racontée. Oui, en fait, ce recueil mêle des morceaux de vie tout à fait réalistes mais touchants, émouvants. On rencontre des personnages aux caractères multiples et intéressants à découvrir. Pourtant, certaines histoires sont justement un peu banales et on en retire peu. On pourrait dire que dans la vraie vie aussi, des histoires sont banales et pas très riches en mouvement, mais je ne pense pas que ce soit voulu dans un recueil de nouvelles. En ce qui concerne les chutes, elles sont rarement surprenantes mais ça ne casse pas la qualité des histoires. Ca ne les embellit pas non plus, mais ça passe. Au fur et à mesure de ma lecture, je trouvais que cela manquait de grande passion, de force, de grands élans; au final, c’est pas grave. On lit des histoires émouvantes et puis voilà, pas besoin d’en faire des tonnes pour avoir la qualité d’un récit.
Une chose à noter est la qualité du recueil en lui même. C’est à dire qu’il se centre autour d’une ville, quelconque, et d’histoires où intervient la pluie, ou l’eau. La construction de cette unité est très agréable à lire, d’autant plus lorsqu’on note des clins d’oeils créés entre les histoires. L’unité aussi se créée autour de la ville urbaine, c’est à dire la vie en société urbaine. Elle n’est pas la même qu’à la campagne et contient des caractéristiques différentes, plutôt bien dépeintes dans ce livre.
Un petit paragraphe spécial pour cette nouvelle vraiment très bien écrite où un homme se rend à un laboratoire d’analyse. Il avait découvert auparavant qu’il était infertile et raconte ainsi ses sentiments et son histoire par rapport à cela. Ce récit est vraiment bien travaillé et on ressent beaucoup d’empathie pour cet homme et son couple. Ca sent presque le vécu, ou en tout cas ça donne cette impression. Je pense qu’un homme qui à vraiment vécu ce genre de choses ne pourrait pas mieux le raconter.
Les nouvelles ne sont, à mon goût, pas toutes bien racontées. Certaines sont très fluides et donnent un grand sentiment de cohérence, de travail et de qualité. D’autres semblent plus lourdes, moins bien scénarisées; parfois même cliché (une ou deux seulement, je vous rassure ). Mais le ressenti général est très agréable, et j’en ressors personnellement avec un sourire, un peu touché d’avoir assisté à des tranches de vies de personnes qui ont juste voulu raconter leur vie. Enfin, ça, c’est l’illusion. Parce que c’est aussi la force de cet ouvrage, la qualité de la narration. Le style n’est pas parfait du tout, un peu trop effacé même à mon goût, mais l’émotion et la vraisemblance sont vraiment très bons et nous laisse emporter dans ces lieux. Nous sommes invités à nous asseoir sur une chaise, dans un coin, pour regarder ces hommes et ces femmes vivre à leur allure. Je ne crierais pas au génie non plus, mais vraiment pour un premier recueil c’est très bon !
J’ai redécouvert – jusqu’à ce que je l’oublie à nouveau – l’importance de l’émotion et du réalisme dans un conte urbain. Les personnages ne sont jamais tout noir ou tout blanc, ils demeurent des humains chargés de teinte colorées. Finalement, une leçon personnel est que ce genre de récit n’est pas pour moi en tant qu’écrivailleur : je veux des grands élans et du spectacle.