L'Œil brisé
8.3
L'Œil brisé

livre de Brent Weeks (2014)

"A certains moments, deux secondes représentent une éternité"

Troisième tome de la saga de Brent Weeks Le Porteur de lumière, L'Œil brisé, à l'image des deux premiers tomes, brille en de nombreux points mais même en pleine lumière, des ombres peuvent se former - de quoi perdre malheureusement les plus enracinés dans l'histoire du Prisme. On garde d'agréables éléments, poursuivant sur ce chemin de reconstruction de la Fantasy par dépoussiérage des accessoires narratifs et du "world building" si cher à ce genre, en amenant cependant une once d'idées qui laisse quelque peu dubitatif.


Gavin n'est plus le Prisme qu'il était : enchainé, privé de tous ses pouvoirs, il n'est plus qu'un esclave condamné à la galère. Une disparition qui inquiète la Chromerie, témoin de l'avancée fulgurante du Prince des Couleurs. La guerre devient inévitable et il faut agir. Kip va finir plongé dans les affrontements politiques décidés pour nommer un Prisme élu. Et si les satrapies ne semblent plus des lieux en sécurité avec les ravages des spirites, la Chromerie n'échappe pas aux complots et aux assassinats.
Pas plus de spoil, comme à mon habitude !


Ne retirons pas à César ce qui revient à César : Brent Weeks demeure un écrivain hors pair, du moins avec son cycle Le Porteur de lumière. Sa facilité d'écriture et d'immersion reste le point fort de son œuvre et entrer dans ce troisième tome est tout bonnement plaisant. La lecture est toujours aussi fluide et les divers rebondissements nous gardent aisément en haleine. Sauf que, parce qu'il faut qu'il y ait des "mais", il y a des éléments à relever et qui ne vont pas forcément dans le sens d'une recommandation. Le premier parmi tous : le nombre astronomique de pages. Alors, cela peut paraître quelque peu paradoxal sorti de ma bouche - moi qui ait lu un nombre incalculable de fois Le Seigneur des Anneaux - mais 1000 pages pour ce tome-ci, du Porteur de lumière, c'est peut-être un peu beaucoup, d'autant plus que l'on demeure assez proche du premier tome, Le Prisme noir, qui était déjà assez compliqué à lire puisqu'il fallait passer la barrière de la projection dans l'univers. Et ce troisième tome nous accueille de cette "délivrance" par un pavé qui, littéralement, nous assomme. Une plausible erreur d'édition (quand on sait que l'on a préféré séparer le dernier tome de la saga en deux) qui vient se coupler à un autre problème, peut-être décisif dans le confort de lecture : ce tome, malgré de bons moments d'évasion proposés, est complexe, voire même trop complexe. En effet, on va se retrouver devant de nombreuses scènes qui mettent en place des séquences liées au rêve, à la réflexion intérieure, au subconscient... et il y a de quoi se perdre dans cette immensité onirique, à tel point que - comme le montre la citation de Felia Guile utilisée comme titre de critique - certains moments de lecture peuvent paraître très long. Cette somme de difficultés va énormément jouer sur l'appréciation du tome mais également la résistance des lecteurs. Néanmoins, on parvient avec de l'effort à rester dans le bain et à profiter d'un tome toujours aussi joliment écrit et qui garde ces repères pour les passionnés, d'abord d'un point de vue narratif. On garde ce plaisir de lecture, accompagné par le style charmeur de Brent Weeks qui continue de proposer des scènes amusantes et cocasses sans pour autant oublier que de sombres événements se profilent ou sont déjà en place en proposant des séquences plus nerveuses. Des scènes qui doivent énormément au second repère et point fort de ce tome...


Les personnages. Si le tome est long, il en tire un avantage avec ce critère : les personnages, notamment Kip, Teia et Poing-de-fer (sans oublier Gavin, il va sans dire, c'est tout de même l'un des personnages principaux, si ce n'est le personnage principal sauf que voilà, cette parenthèse n'a aucun sens, on va revenir à la critique), évoluent et sont approfondis à vitesse maximale. Des personnages principaux aux personnages secondaires jusque dans ceux que l'on croyait tertiaires, tous bénéficient d'un développement admirable et appréciable, au point de découvrir des éléments plus que perturbant en fin de tome, alimentant cette soif de compréhension qui va nous pousser à passer au tome suivant. Un magnifique exemple de ce que des personnages bien écrits et intéressants à suivre peut apporter !


L'Œil brisé n'est pas un tome facile mais il n'en demeure pas moins passionnant. Fort à parier que le prochain tome, du moins la prochaine édition française, se calme de ce point de vue là. Mais dès l'instant où l'on survit aux passages difficiles, ce qui n'est pas mission impossible, loin de là, force est de constater que l'on est toujours en présence d'une pépite de lecture. Des personnages hauts en couleur, des intrigues fascinantes et des éléments d'analyse et d'intertextualité toujours aussi alléchants à découvrir et à mettre en avant. De ce fait, la recommandation de ce tome ne fait absolument pas de doutes, malgré un nombre de page rebutant.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
9
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Créée

le 8 juil. 2021

Critique lue 71 fois

PhenixduXib

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