Haut la main le plus abouti des trois premiers tomes de la saga, L'Ombre du Manitou permet à son auteur de se lâcher et de sortir l'artillerie lourde. Si l'action des tomes précédents était confinée à des lieux précis, c'est les USA au complet qui sont à l'honneur. Au programme, la vengeance ultime de Misquamacus avec un plan d'anéantissement des hommes blancs américains. L'occasion de revoir le héros qui pris 20 bonnes années dans la tronche depuis les derniers événements. On retrouve tout le coté mystique et horrifique lié à la magie indienne séculaire, avec son lot de possession, de communications avec les esprits et ses rituels d'époques. Mais le bouquin prend une tournure plus hollywoodienne une fois la découverte des plans du grand méchant, et l'auteur nous gratifie de séquences catastrophes qui ferait bander plus d'un producteur de cinéma spécialisé dans les blockbusters. Je me demande même comment seulement le premier tome ait pu être le seul à bénéficié d'une transposition cinématographique qu'on voit le potentiel de celui-ci. Mais j'ai en même temps peur que le matériel de base soit violé par tout les orifices vu les tendances actuelles des adaptations à la sauce américaine.
Bref, ça envoie du lourd, l'histoire nous faisant voyager sur de nombreux lieux du sol américain chargé en histoire. Masterton sait toujours faire preuve de talent pour faire monter la pression dans les passages qui s'y prêtent, et ne lésine pas sur les détails quand il s'agit de décrire les séquences les plus gores du livre. On reste dans un roman d'horreur et il nous le rappelle fréquemment. On retrouve toujours Lovecraft en inspiration pour tout ce qui touche aux démons antédiluviens, la gosse bestiole servant d'épouvantail ultime dans la trame décrite une fois de plus non sans rappeler la bête mythique de l'écrivain d'antan. Graham Masterton pioche aussi dans tout un tas de domaines et propose de nombreuses références à des œuvres alors modernes lors de la parution du roman.
Plus long que ses prédécesseurs et du coup plus complexe car multipliant les petites histoires à droite à gauche qui vont finir par trouver un lien avec le fil rouge principal, ce tome 3 propose un gros morceau de choix pour les amateurs de littérature horrifique baignant généreusement dans le fantastique. La dernière phrase laisse même la porte ouverte à une suite à cette histoire (ce qui se confirmera vu les autres tomes sortis depuis). Hâte de voir comment l'écrivain va continuer à faire vivre son légendaire boogeyman. Le monsieur maitrise sa barque, je ne peux que partir confiant.