Je suis vraiment mitigé sur ce roman.
D'abord le style est assez pénible. Aziz a dit ça, Ahmed a répondu cela, Zahed a fait ceci... Dans la seconde partie du roman cela s'améliore, il y a quelques passages plus recherchés dans le vocabulaire, plus de lyrisme et de métaphores. Mais je reste sur ma faim.
Le récit a un bon rythme, ce qui est naturel vu sa faible longueur. Toutefois je n'ai pas été captivé, la faute principalement à des personnages assez lisses et caricaturaux, qui en plus n'évoluent pour ainsi dire pas, même si le format court explique cela en partie. De plus, l'action est prévisible à souhait.
Au-delà de l'écriture qui ne m'a donc pas vraiment plu, il y a le sujet de la guerre qui est lui bien traité, l'auteur parvient à nous émouvoir, nous dégouter, nous révolter, nous horrifier. C'est ici le point fort du roman qui était prêt à faire pencher mon sentiment global dans le positif.
Pour la suite de cette critique je vais dévoiler un ou deux éléments de l'intrigue, rien de primordial mais vous êtes prévenu.
Oui mais voilà, tel l'enfant martyr, Larry Tremblay est un kamikaze. Il lâche une bombe sur son propre récit. En effet, dans la deuxième moitié du livre un personnage occidental écrit une oeuvre sur la guerre. Aziz qui a vécu les horreurs de la guerre le méprise, raconter la guerre sans l'avoir vécue est une imposture pour lui, ainsi que s'en rend compte ensuite l'auteur de cette oeuvre lui-même.
Aussi ce passage me gène, car il peut être interprété de deux façons.
Soit présomptueusement, Larry Tremblay estime son récit de la guerre valable, alors qu'il fustige celui qu'en fait son personnage, il ne me semble pourtant pas qu'il ait été plus témoin d'une guerre. Je ne vois pas ce qui justifie ce point de vue et je suis de toute façon mal à l'aise avec ce manque d'humilité.
Soit c'est une mise en abyme et Larry Tremblay englobe son propre récit dans cette critique, lui retirant sa valeur de tableau de la guerre. Or dans ce cas, n'est-ce pas un forme d'irrespect du lecteur de publier un roman que l'on considère vain ?
Je ne sais me prononcer sur laquelle de ces analyses est la bonne, je pencherais quand même pour la seconde, mais de toute manière aucune ne me convient, et cette impression a laissé une pointe d'amertume supplémentaire dans mon souvenir de cette histoire.