L'un pour l'autre par sylvielopes

« J'écris parce qu'ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l'écriture : leur souvenir est mort à l'écriture ; l'écriture est le souvenir de leur mort et l'affirmation de ma vie. »

La disparition d'un être proche pose-t-elle avant tout la question de la solitude ? Celle du manque ? On eût pu croire cet évènement cantonné au traditionnel cortège d'affres et d'afflictions liées au deuil, mais vint l'étrange récit, la singulière quête de Nathalie Rheims. De son frère Louis, mort à l'âge de 33 ans, elle ne dit rien– pourtant c'est bien sa mort qui déclenche chez elle le processus d'écriture. Pour dire l'absence, se relever et retracer le parcours du cher disparu, Nathalie Rheims, choisit un double fantomatique à son frère… Le procédé est étrange, car pourquoi ne pas s'attacher à l'être lui-même ? Plus encore, le choix de ce double ne manque de surprendre : l'acteur Charles Denner devient pour Nathalie Rheims (alors qu'elle ne l'a jamais côtoyé de son vivant) l'objet d'une quête biographique. Ce court récit nous place face à l'apparente incongruité des élans humains en phase de trouble– sans analyse aucune,à la façon d'un journal intime qui ne ressentirait aucun besoin de "s'habiller" pour sortir en public.