Né dans les années 70, Oscar est un adolescent américain d'origine dominicaine. Il est moche, obèse et il n'a pas d'amis. Amoureux de toutes les filles qu'il croise mais rejeté par elles et souffre-douleur des autres, son seul refuge est la SF et la fantasy. Il va poursuivre deux rêves : sortir avec une fille et devenir le nouveau Tolkien dominicain.
L'auteur ne se contente pas de retracer la vie pathétique du jeune Oscar, différents narrateurs se succèdent pour nous raconter l'histoire de plusieurs membres de la famille, son grand-père, riche médecin dans les années 40, sa mère et ses trois chagrins d'amour, la fugue de sa soeur. Ce qui lie tous ces personnages c'est la fatalité qui s'abat sur eux. Comme dans les tragédies de Sophocle ou les romans de Zola , les personnages ne peuvent pas échapper au destin tragique qui plane sur eux. Ici ce n'est pas le fatum ou l'atavisme des Rougon Macquart qui est la source de leurs malheurs, mais une ancienne légende dominicaine, la malédiction du fukù.
Malgré cette vision sombre d'un monde où personne n'est épargné, le roman de Junot Dìaz n'est pas dénué d'humour et le lecteur peut facilement sourire, par exemple à l'évocation des désastreuses tentatives de drague d'Oscar, ou à la lecture des notes de bas de pages qui précisent avec fantaisie de nombreux faits historiques.
L'oeuvre est aussi dotée d'une dimension historique. La terreur qui régnait sur l'île de Saint-Domingue pendant la période Trujillo y est dépeinte. On découvre une république dominicaine pauvre, dans laquelle les habitants vivent sous la peur constante des atrocité commises par le dictateur et les membre du parti dominicain (génocide haïtien, tortures, viols et autres massacres en tous genres).
L'écriture de Junot Diaz est originale. Dès les premières pages, le lecteur peut, dans un premier temps, être dérouté par l'emploi d'un langage oral, surchargé de grossiertés, d'argo espagnol, de verlan et être tenter de reposer le livre. Mais si l'on fait l'effort de poursuivre sa lecture, le style devient de plus en plus fluide, naturel, et finalement pas si désagréable. Le roman contient aussi de nombreuses références à la Science-fiction et à la fantasy. Il n'est pas aisé de saisir toutes les subtilités de l'ecriture de l'auteur, à moins de connaître par coeur les dialogues de StarWars, d'avoir lu au moins dix fois le Seigneur des anneaux et de maîtriser parfaitement le verlan, l'espagnol et l'argot. Pour lire la Brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao, il faut accepter de ne pas tout comprendre et laisser l'auteur nous entraîner dans le mélange des cultures, des langues et des genres littéraire que sont la vie d'Oscar et le livre de Junot Dìaz.
En bref : un roman qui m'a d'abord interpellée par son résumé, puis surprise par son style original et la profondeur de son histoire. Mais qui, toutefois, ne m'a pas non plus laissé un souvenir impérissable.