愛してる
Aujourd'hui, je me suis levé à 14h. Autant dire que dès le départ, j'étais foutu. Franchement, que faire quand on se lève aussi tard ? Le temps de faire le rituel du matin, comprenant petit déjeuner...
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le 17 oct. 2014
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Dans ce livre écrit durant le premier confinement, Andreas Malm s'interroge sur les liens qui existent entre le Covid-19 et le réchauffement climatique. Il s'étonne notamment du fait que dans le monde entier, et tout particulièrement en Occident, les gouvernements aient pris des mesures préventives extrêmes, comme le confinement, qui ont porté un ralentissement inédit de l'économie mondiale, alors que rien n'est fait pour se protéger du réchauffement climatique. Pire, le système capitaliste continue de l'aggraver semaine après semaine, alors que les forêts tropicales se réduisent comme peau de chagrin devant l'élevage, l'agriculture intensive de soja, de café, de cacao ou évidemment les industries minières et pétrolières. Ces exploitations sont encouragées par l'économie mondiale, qui ne peut supporter que des territoires ne soient pas intégrés au cycle de la valeur. Pourtant, cette déforestation pourrait bien avoir pour corollaire l'augmentation future du nombre de pandémie. Malm documente la façon dont la réduction de la superficie des forêts a pour conséquence immédiate une diminution de la biodiversité, et un rapprochement des humains avec la vie sauvage. Il s'appuie notamment sur le cas des chauve-souris, qui sont connues pour être porteuses d'un nombre inouï de coronavirus. Celles-ci, alors que leur habitat n'a de cesse de se réduire, se rapprochent toujours plus des humains, et sont de plus en plus stressées. Cela a pour effet d'augmenter les cas de zoonoses, ces fameux "sauts" de virus d'une espèce à une autre. Lorsque les forêts étaient bien fournies, et la biodiversité luxuriante, les zoonoses se "perdaient" parmi les nombreuses espèces d'animaux avant d'entrer en contact avec l'homme et ce qui diminuait par conséquent le risque d'infection. Par exemple, on peut retrouver ce procédé d'infection avec les tiques, elles aussi porteuses de virus. Auparavant, elles s'accrochaient et mordaient n'importe quel mammifère passant par là, lequel avait certainement développé une résistance au cours du temps. Mais dans notre monde déforesté, les tiques ont vraisemblablement plus de chances de s'en prendre à l'homme, et potentiellement de lui communiquer la terrible maladie de Lyme. Ebola, SRAS, Nipah, MERS sont autant de maladies apparues dans les temps récents suite à des zoonoses consécutives de la déforestation. Le Covid-19, pour être tout à fait précis, est apparu suite à la consommation d'animaux sauvages contaminés par le virus. Néanmoins, c'est la même logique qui est à l'œuvre : la diminution des espaces forestiers rend plus aisé le braconnage. Notons aussi que la dégustation de ces animaux est un fait bourgeois. Tout le monde ne mange pas du pangolin : c'est une viande coûteuse et difficile à obtenir, qui dépend de réseaux à envergure mondiale (dont certains maillons sont entérinés dans la législation occidentale). Cette viande de luxe attire des clients fortunés, qui sont près à dépenser d'immenses quantités d'argent pour satisfaire leur appétit. Aujourd'hui, ces espèces animales s'éteignent. Sur le marché, leur prix s'envole, et les clients sont près à dépenser toujours plus pour s'offrir cette viande toujours plus rare ! Il en va de même pour la production issue de l'agriculture intensive : elle est essentiellement revendue dans les pays riches. Le risque de zoonose se concentre ainsi dans les pays tropicaux, et quand un virus se déclare sur place, c'est dans une relative indifférence des pays occidentaux. Il a bien fallu le Covid-19 avant que nous ne commencions collectivement à porter attention aux risques pandémiques...
Dans la dernière partie de son ouvrage, Malm propose de mettre en place un communisme de guerre pour répondre à l'urgence chronique. Il s'inspire de celle de Lénine, qui en 1917, a réussi avec les bolcheviks à construire un État à partir de rien, alors que le pays est dévasté par la famine, que les habitant·es brûlent leurs meubles pour se réchauffer, et qu'une guerre civile, soutenue par les États occidentaux, éclate. Malm ne se revendique pas tant de l'idéologie léniniste que des stratégies qu'il a déployé pour obtenir un changement rapide et radical du fonctionnement de l'appareil d'État, car aujourd'hui, l'urgence court. Tout le monde sait dorénavant que chaque jour la situation climatique s'aggrave et devient de plus en plus irréversible.La détérioration du climat n'est pas linéaire, mais opère plutôt par glissement de terrain : un événement dérègle un peu plus le fonctionnement de la planète et accélère brutalement le processus du réchauffement. La toundra commence à fondre et libère de nouvelles quantités de CO2. Les incendies en Australie et en Californie accélèrent la destruction de la biodiversité et réchauffent brutalement la planète. Dès lors, il faut appliquer une politique du désastre, réalisée dans l'urgence. Par chance, le réchauffement climatique est extrêmement bien documenté (au grand désarroi des scientifiques travaillant sur le sujet et qui dépriment face à la passivité générale). Il faut s'attaquer immédiatement aux causes et non aux symptômes. La stratégie du confinement utilisée pour endiguer le coronavirus s'attaque aux symptômes (la population est malade) et non pas aux causes (la déforestation). De la même manière, éteindre les incendies est une lutte contre les symptômes, quand nous devrions empêcher qu'ils ne se produisent, les prévenir. Il n'y a aucune chance que le système capitaliste ne s'attaque aux causes, puisqu'il est la cause principale du dérèglement climatique. Le léninisme écologique doit permettre de répondre à cela. Une véritable stratégie révolutionnaire doit envisager d'utiliser le pouvoir de l'État pour nationaliser toutes les entreprises responsables de la catastrophe, et utiliser négativement leurs capacités destructrices, c'est-à-dire employer leurs réseaux et leurs cerveaux pour endiguer la catastrophe, en menant des politiques de ré-ensauvagement du monde et de capture du CO2 contenu dans l'atmosphère. Par exemple, il faudrait nationaliser Total ou Engie et utiliser ses ressources financières colossales pour planter des arbres partout où ces entreprises les ont arraché de la Terre. Il existe des technologies permettant de capturer du CO2 : il faut les développer, et enterrer ce CO2 dans le sol de telle sorte qu'ils ne nous nuisent plus - alors que les entreprises qui développent ces technologies cherchent aujourd'hui à faire fructifier ce CO2 pour le revendre sous forme de marchandise, à Coca-Cola par exemple. Il est nécessaire d'agir de façon urgente et alerte, pour rompre avec le business-as-usual et enfin en finir avec le cycle de la valorisation.
De façon surprenante, on apprend dans La chauve-souris et le capital que deux jours après la prise de pouvoir des bolcheviks, ils publiaient le Décret de la Terre qui avait pour effet de protéger d'immenses pans de forêts soviétiques afin que l'homme n'y pénètre pas, pour que la nature sauvage puisse continuer son libre cours, et que les scientifiques puissent en étudier tous les phénomènes dans la plus grande liberté. Bien entendu, les bolcheviks ne sont pas des proto-écologistes, et ils ont ensuite construit d'immenses infrastructures qui ont saccagé la nature et se sont jetés d'un bond dans l'exploitation des énergies fossiles. Mais ces forêts qu'ils ont protégé alors le sont encore aujourd'hui, de telle sorte que la Russie est le pays avec le plus d'endroits sauvages conservés au monde. Si le gouvernement révolutionnaire devait appliquer le programme du communisme de guerre, il devrait impérativement agir dans la même direction : protéger la nature, et la laisser en paix. Ce serait là une vraie politique de réponse aux causes de la crise. Dans nos gouvernements technocapitalistes, on croise les doigts pour que la géo-ingénierie nous permette de rééquilibrer le climat mondial en diffusant des sulfates de fer dans l'atmosphère, afin de pouvoir continuer à exploiter de manière incontrôlable la planète. Tout cela n'est pas sérieux.
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le 22 nov. 2020
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