La Chute de Reach est le premier tome de la saga de Science-Fiction Halo, adaptée du célèbre jeu vidéo du même nom. Ce premier opus est écrit par Éric Nylund et c'est une agréable surprise.
Précision utile : je n'ai jamais joué au jeu vidéo dont le livre est issu. Du coup j'ai en général deux réactions diamétralement opposées quand j'aborde La Chute de Reach. "Sacrilège, cet abruti n'a pas joué à ce jeu mythique" et "Un livre adapté d'un jeu vidéo où on tire sur des E.T, encore une daube pour les idiots". Pour répondre à mes détracteurs, valoriser mon estime personnelle et surtout réhabiliter ce bouquin je me vois obligé d'en faire la critique !
En bref : l'Humanité a commencé il y a peu à s'étendre dans les étoiles, établissant des colonies plus ou moins prospères sur différents mondes. Comme de juste il y a des mécontents qui préféreraient que les militaires ne tirent pas tant les ficelles : escarmouches et attentats deviennent de plus en plus courants. Une** unité d'élite, les Spartans**, va être formée pour pallier aux menaces extrêmes. D'ailleurs une catastrophe se produit alors que les tensions sont à leur comble : le premier contact avec des extra-terrestres. Il s'agit d'une organisation de plusieurs races se faisant appeler les Covenants et ayant un objectif très simple : l'élimination systématique des humains. Autant dire que les Spartans vont avoir un morceau un peu plus coriace que prévu à se mettre sous la dent...
Qu'on se le dise, la Chute de Reach est pour moi** un bon livre de SF/action**, malgré tout les préjugés qu'on pouvait avoir. Déjà parce que dans "adaptation de jeu vidéo", il y a "adaptation". Ca ne paye pas de mine mais quand on voit les suites... bref ! L'histoire commence quelques années avant l'invasion alien à proprement parler. Dans un contexte futuriste à cheval entre la bureaucratie et le despotisme militaire, le Dr Hasley est une scientifique brillante décidée à créer de super-soldats. A l'aide de tout un tas de produits stimulants et d'expérimentations absolument pas éthique elle enrôle dans son programme puis transforme progressivement des gamins en armes de guerres.
Là où c'est intéressant c'est que l'on dispose d'un point de vue extérieur aux Spartans en devenir : le côté amoral, voir inhumain de ce qu'on fait subir à ces gosses est clairement visible. Le résultat de plusieurs années d'entraînements poussés additionné aux expériences d'améliorations ont deux résultats. Le premier est simple : une grosse moitié des sujets d'expérience meurent ou deviennent difformes. Mais le prix en vaut apparemment la peine, puisque l'objectif est apparemment atteint : Hasley à obtenu ses soldats d'élites, commandé par John, alias Spartan 117 le leader tête brûlée (suicidaire mais fanatiquement loyal à la cause). La Chute de Reach est de ce point de vu le seul bouquin de SF militariste si ouvertement anti-militaire dans sa présentation, c'est assez surprenant.
Viennent ensuite des missions en conditions réelles pour souder l'équipe sous le feu des combats : enfin les Spartans sont prêt. Et ce n'est pas trop tôt car la menace alien des Covenants est considérable. L'humanité est partout en déroute, les forces spatiales n'arrivent pas à contenir la menace, un renfort au sol serait idéal, notamment comme argument de propagande pour remonter le moral des troupes.
Car la politique et les manigances sont nettement abordé dans ce livre, même si elles ne sont pas centrales à l'action, c'est un point qui mérite d'être signalé. Les personnages non-Spartans sont également un point fort du récit, que ce soient les IA étranges sur lesquelles se reposent les humains ou le Capitaines Keyes et ses talents stratégiques peu orthodoxes. Il faut admettre que les Spartans eux-même sont un peu plats, même si certains comme John développent progressivement une vrai personnalité et se posent de vrai questions sur leurs buts.
C'est un prélude de qualité, idéal pour qui connait déjà l'univers, très bien sinon pour les autres. Il met en place une mission désespérée de nos protagoniste qui visera à infiltrer le cœur des forces aliens. Je me permet ce léger spoil (même si le titre met en évidence le contexte) pour une raison simple : la suite de la saga est à chier. Mais vraiment. Je retiens de justesse mon envie de cracher sur le tome 2 de la saga (d'un autre auteur) tant il est mauvais. Le fameux côté adaptation est là passé à la trappe au profit de "je raconte ce qui se passe dans le jeu". A savoir, cinquante occurrences de "Les X individus (Spartans et autres marines sacrifiables) rencontrent Y aliens de telle et telle races. Vident leurs chargeurs dessus. Encaissent les pertes de tant de marines/chair à canon. Les boucliers de protection sont surchargés mais le combat est remporté de justesse". Et on réitère le processus jusqu'à écœurement.
Pour être honnête Éric Nylund a bien tenté de rattraper la saga par la suite, mais comme la guideline générale était à la surenchère à tout prix, on a plus la moindre crainte pour des personnages invincibles et le scénario devient de plus en plus n'importe quoi.
En dépit des séquelles déplorables donc, la Chute de Reach est un bon livre de SF, même (et surtout) pour ceux n'ayant jamais entendu parler du jeu vidéo Halo. Les faiblesses des personnages principaux sont compensées par la** montée dramatique des enjeux** (notamment avec l'instauration du Protocole Cole, véritable méthode de terre brûlée des informations capitales).
Mon coup de cœur personnel est pour les scènes de** batailles spatiales**. Les tactiques employées, les technologies autant que le rythme et le travail sur le temps rendent bien la tension de combats de titans, avec l'impuissance éprouvée par l'infanterie lors de ces affrontements dans le vide de l'espace.
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