Troisième et dernier tome des Guerriers du Silence, La citadelle Hyponéros apporte un dénouement cosmique à l'épopée de Tixu, le petit employé aviné d'une compagnie de voyages par démartérialisation/rematérialisation. Ce qui avait commencé pour moi il y a 3 étés comme un roman d'aventures intergalactiques s'achève de façon grandiose sur le fil de l'Apocalypse. Chaque tome est meilleur que le précédent, et les nouveaux personnages apportent une facette inédite au catalogue déjà vaste proposé par un auteur à l'imagination pléthorique. Un régal. Là où d'autres cèdent à la tentation d'un final un peu bâclé (après plus de 1600 pages, on pourrait les comprendre...), Pierre Bordage continue à ciseler finement sa gravure minutieuse. Au final, on se rend compte qu'on a adhéré à fond à sa proposition d'univers, parce qu'elle est cohérente, vraisemblable, flamboyante et profondément terrienne, en dépit de tout l'exotisme déployé. Parce qu'elle permet aussi de prendre conscience de la richesse et de la variété de notre monde à nous; si on pouvait éprouver autant de curiosité bienveillante envers les autres cultures de notre planète qu'on en éprouve pour les créatures imaginaires des auteurs de SF, on aurait fait un grand pas en direction de plus d'humanité. De toute façon, c'est démontré, la lecture développe l'empathie. Alors pourquoi ne pas s'en accorder une bonne cure pour découvrir comment 12 petites personnes qui n'étaient pas grand-chose individuellement peuvent s'unir pour repousser le plus grand danger que notre espèce ait connu... un danger qui trouve bien entendu son origine en notre propre sein ? C'est ma prescription pour l'été. En prime, vous vous dispenserez des jargonnages anglicisants pseudobranchouilles, parce que Bordage fait avec les outils qu'il maîtrise, lui, et préfère bidouiller des néologismes festifs à partir de racines françaises plutôt que de s'inféoder bêtement à une syntaxe étrangère. Un bon point de plus.