Elle entrevit derrière lui le coucher de soleil rouge dans un ciel sans nuages, et la porte ouverte laissa pénétrer l'odeur de béton chaud et le ronronnement de la circulation associés à la tombée de la nuit.
Elle avait laissé le terminal allumé après avoir lu la mémoire morte de Durham ; l'écran était vide et censé être d'un noir absolu mais, lorsque ses yeux se furent adaptés à l'obscurité, elle le vit rayonner d'une faible luminescence grise. De temps à autre, un bref éclair perçait l'écran au hasard : un pixel activé par les radiations résiduelles ou touché par un rayon cosmique. Elle regarda les éclairs jaillir comme une pluie ralentie frappant une fenêtre ouverte sur un autre monde et finit par s'endormir.
Le soleil se couchait sur l'océan tandis qu'ils descendaient, et les chutes d'Ulam étincelaient à l'est comme une dalle d'ambre sertie dans la face de granit du mont Vine. Dans les basses collines, une douzaine d'aiguilles d'argent et de prismes d'obsidienne, fantasques tours de guet, captaient la lumière et la décomposaient entre eux. Peer suivit la rivière qui traversait de luxuriantes forêts tropicales et des plaines d'herbe sombre, jusque dans la Cité elle-même.
Traduction par Bernard Sigaud.