Clap troisième. La cité nymphale vient clôturer la trilogie Chromozone, entamée avec le roman du même nom et sa suite, Les noctivores. La trilogie prend place dans une Europe post-apocalyptique. On y découvre un monde dans lequel un virus a détruit toutes infrastructures informatiques existantes, avant de se mettre à infecter les êtres humains eux-mêmes, qui se transforment alors en individus ultra-violents.
Ce troisième opus nous emmène à Paris, qui prend ici le nom de Parispapauté. Dirigée par le pape Michel, l’ancienne capitale française est devenue une zone franche placée hors de la domination des noctivores (une entité collective qui s’oppose efficacement au virus mais prive ses membres de leur humanité) et des commerçants de Derb Ghallef, les deux principales puissances de la région. On y retrouve Cendre, jeune homme fruit de manipulations génétiques capable d’abattre les infectés par la pensée, et surtout Lucie, sa protectrice et compagne. Ces derniers vivent une vie plus ou moins tranquille aux pieds de la tour Eiffel, où ils sont des pions importants de cette communauté assez particulière. Lorsque une vieille connaissance honnie vient y demander asile, les événements s’enchaînent et le pape Michel se voit obligé de demander de l’aide du côté de la Bretagne natale de Lucie.
Comme entre les deux romans précédents, le temps a passé, la situation du continent a évolué et les personnages ont mûri. On retrouve un type de construction similaire au premier opus : autour d’une intrigue principale braquée sur une Lucie indomptable et expéditive viennent se greffer deux mystérieuses histoires sans lien apparent avec le reste. L’une d’elles s’avère à propos assez ardue à suivre de par son style et casse un peu le rythme général du livre, d’autant que son utilité n’est pas évidente. Cela dit, rien de dramatique. En toile de fond, les puissances locales continuent d’avancer leurs pions sur cette espèce d’échiquier français (on croirait parfois assister à un Risk post-apo), alors qu’un dénouement (mais lequel ?) semble approcher. Globalement, l’ensemble est un peu moins marquant que les deux romans précédents, peut-être parce qu’il lui manque un peu de nouveautés par rapport à ces derniers, mais il n’en constitue pas moins une suite logique et efficace dont la plupart des personnages ne manquent d’ailleurs pas de sel.
La cité nymphale achève en tout cas une trilogie Chromozone intéressante, souvent captivante et originale, même si elle n’est pas parfaite. Elle n’atteint pas le niveau du Déchronologue, le chef d’œuvre (?) de Stéphane Beauverger sorti quelques années plus tard, mais reste globalement un très bon moment d’anticipation francophone.
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