La Dame aux camélias par clairepatt
Armand rencontre un jour Marguerite, jeune femme entretenue, qui n'a vécu jusque là qu'au travers de valeurs superficielles : le paraître, le luxe, l'alcool...A partir de cette rencontre naît entre Armand et Marguerite une histoire d'amour sans précédent, qui ne sera que très éphémère, du fait conjoint de l'honneur et de la mort.
L'amour, thème central du roman, est conté par Armand, homme sensible et passionné. Il y narre avec une grande intensité ses états d'âme les plus profonds : ses élans passionnels, ses craintes, ses joies, ses doutes, et cela sans aucune pudeur. Mais ses envolées lyriques, propres à la description du sentiment amoureux, ne sont pas toujours appuyées par des faits. Certes, les déboires du sentiment amoureux y sont fidèlement retracés mais est-ce suffisant pour donner une teneur à l'œuvre ? Dans ce roman, les sentiments amoureux sont retracés tels quels, sans analyse, sans prise de recul. Par exemple, la scène d'attente de la personne aimée renvoie à des émotions véridiques ; elle décrit à merveille les différents sentiments contradictoires, la jalousie, la peur, qui nous éveillent successivement lors de l'attente de l'être aimé. Mais le roman ne donne pas d'autre angle de vue. Il y est question d'amour passionnel certes, et c'est la passion qui domine dans toute l'œuvre, sans que le lecteur, étranger à cette histoire d'amour, puisse véritablement prendre cette passion au sérieux. Il ne peut qu'opérer un déplacement vers ses propres expériences de passions amoureuses: soit celles vécues, soit celle idéalisées. Les dialogues entre Armand et Marguerite sont ponctuées de « Je t'aime » mais ces déclarations d'amour peuvent paraître superficielles, car elles ne sont pas gratuites. Elles sont toujours soumises à condition « Dis-moi que tu m'aimes, alors... », ce qui atténue leur sens. Ainsi, le sentiment amoureux et les doutes qu'il instaure sont très bien retracés, mais la description de l'amour vécu entre les deux personnages manque de teneur.
Ce roman retrace également les rapports entre honneur et amour. « L'amour est-il soumis à l'honneur ou inversement ? », telle est la question ! Armand juge clairement que l'amour doit franchir les barrières de l'honneur, mais les deux êtres qu'il aime, son père et Marguerite, pensent le contraire. Il se retrouve donc pris au piège de la relation entre ces deux êtres aimés qui sont prêts à sacrifier l'amour au prix de l'honneur. Ainsi, la morale est qu'il ne suffit pas de pouvoir répondre à la question soi-même mais de s'assurer que ses proches aient répondu de la même manière.
Si l'honneur a séparé initialement Armand de Marguerite, c'est la mort qui viendra les séparer définitivement. La prise de conscience de la mort de Marguerite par Armand s'opère difficilement : il n'a pas pu assister à son enterrement...et ne supporte pas ce fait. Il va donc jusqu'à la faire déterrer, alors qu'elle est dans un état de décomposition avancé pour pouvoir faire le deuil de cette femme qu'il a tant aimé. L'image de l'être mort est bel et bien nécessaire pour s'assurer d'un ancrage avec la réalité tel qu'elle est. Même si elle se révèle atroce, rien ne peut la remplacer.
Ainsi, ce roman arrive à toucher les profondeurs de l'être à différents niveaux, même si certains passages se révèlent mièvres.