Abigaëlle, depuis vingt-sept ans, vit ans une abbaye, son quotidien est désormais un gruyère perforé d'inexplicables trou de mémoire. Enfant, elle consignait dans un cahier ses pensées pour l'aider à ranger son cerveau, elle souhaitait arriver à déterrer la vérité. Gabriel, son grand frère, l'enfermait dans le placard de la chaudière pour qu'elle ne voie pas ce que son papa faisait à sa maman, un walkman sur les oreilles pour ne pas entendre les cris de ses parents. Son papa ne voulait pas qu'elle raconte ce qui se passait à la maison.
Marie Vareille aborde le douloureux problème des violences conjugales à travers les mots pleins de fraîcheur et d'innocence d'une fillette surdouée. L'auteure décortique avec finesse les mécanismes psychologiques qui conduisent à ces des violences. Elle nous décrit les phobies et névroses des enfants amputés trop tôt de leur enfance, terrifiés et malheureux, abandonnés à leur triste sort par les adultes, leur peur de reproduire plus tard le schéma familial. Un récit rempli de sensibilité et d'émotions avec une construction habile où passé et présent se mélangent entre les souvenirs d'une petite fille consignés dans un carnet et les consultations chez un psy. Un roman émouvant jusqu'à la dernière page.