Sexisme ou pseudo-féminisme ?


C'est la question qu'on se pose sur ce livre et sa suite, tous deux à vocation humoristique.


A l'intérieur de l'humour, on peut tenter de savoir, un peu moins superficiellement, ce qui en fait l'humour (pas drôle). En quoi "la femme parfaite est une connasse" est sexiste et en quoi cela peut être féministe ?


C'est sexiste parce que dans les clichés, le livre propose d'autres clichés en réponse - des clichés très genrés (les filles, c'est dans l'émotion, les chichis, la mode, le maquillage, le papotage, le régime, la monogamie revendiquée...) et j'en passe. Très excluant, cloisonnant. La quatrième de couverture indique que les hommes sont les bienvenus ; en tant que lecteur assidu dans mon enfance de Femmes Actuelles et de Nous Deux, j'affirme ne pas me sentir accepté par ce livre pas bien libre, pas bien fou, et qui ressemble de près, de loin, à un vaudeville mise en scène par Florence Foresti.
Non mieux : Bérengère Krief. C'est-à-dire celle qu'on oubliera dès qu'on aura prononcé son nom tellement le manque de talent lui est imputable.
Mais c'est féministe dans le sens où le livre propose de dégrader tout de même - et d'accepter de dégrader - l'image du tout perfection qui ronge certaines femmes, qui les ronge dans leur liberté, à force de multiplier les rôles de bonniche-épouse-amante-mère et de péter un câble le jour où elles ne peuvent plus assumer d'être des poupées mignonnes qu'on regarde.


Mais, si c'est un peu féministe, c'est très très agaçant.


Alors, que dire... Ce livre est un succès phénoménal. C'est donc intéressant en soi. La question que je me pose toutefois, c'est pourquoi autant de personnes manquent autant de discernement sur les codes genrés. Si seulement ce livre se questionnait sur le genre féminin, c'est-à-dire sur la construction sociale voulue au fond par tout ce qu'on dit aux femmes de faire, ç'aurait pu être intéressant. Mais pas du tout, l'humour utilisé sert juste à valider le genre, "parce qu'on s'en fout après tout, c'est rigolo". Mais de quelle distance sur soi parle-t-on quand on se moque de la sorte ? Est-ce vraiment de l'autodérision ?


A quand un livre sur les personnes à la peau plus foncée que les autres, bouquin qui raconterait des blagues de Michel Leeb, des blagues de sorcier, sur les grosses bites, sur les nez empâté ? Oui, c'est vrai, après tout... On s'en fout ! Hé bah non.

Andy-Capet
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le 8 janv. 2015

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