Alors que c'était avec un enthousiasme mitigé que j’avais démarré La fileuse d’argent, c’est avec un ravissement non dissimulé que je viens tout juste d'en terminer la lecture. En effet, bien qu'ayant apprécié le roman Déracinée de la même autrice auparavant, j’avais tout de même été gênée par quelques facilités scénaristiques ainsi que certains clichés dont je me serais bien passée et que je craignais donc de retrouver dans ce nouvel ouvrage, mais il n’en fut rien.
La fileuse d’argent est un véritable conte d’hiver mettant en scène de remarquables personnages féminins qui, malgré leur condition peu enviable de femmes dans le monde impitoyable de l’hiver, mais aussi, et surtout, celui du patriarcat, sauront habilement user du peu de ressources dont elles disposent pour faire entendre leur voix, s’imposer et devenir de grandes héroïnes à bien des niveaux.
Vous l’aurez compris, ce roman initiatique à la fois féministe et fantasy m'a pleinement conquise et c’est avec un plaisir presqu'inédit que je me suis laissée envoûter par la beauté glacée et la magie de cet univers slave dans lequel les destins de nos héroïnes se croisent et s’emmêlent pour tisser entre elles les liens d'une sororité qu’on aimerait pouvoir apprécier plus souvent dans notre environnement culturel. Bien que les différents points de vue des personnages s’enchaînent et se mélangent, le récit reste toujours fluide et compréhensible pour ses lectrices et lecteurs, qui pourront alors se laisser bercer par la prose légère et chargée d'humanité de Naomi Novik et peut-être même nourrir l'espoir aujourd'hui très émacié de pouvoir connaître un jour un monde meilleur.