J'ai fait un LT de ma lecture du bouquin sur Twitter qui a été compilé par le charitable Panjidrama. Ça donne un assez bon aperçu du bullshit raconté par les Bogdanov.

1ère partie : http://storify.com/panjidrama/ltbogdanof
2ème partie: http://storify.com/panjidrama/pour-la-science-2eme-partie

Mais comme j'aime pas faire une critique avec uniquement deux liens, je vais revenir un peu sur ma lecture en quelques points.

D'abord, pourquoi lire ça ? Parce que le père d'un pote a lu le livre et me l'a filé en me disant qu'il avait plutôt été conquis par le discours mais n'y connaissant quasi rien en sciences, il m'a demandé de le lire et de lui en faire un retour critique, sachant les soupçons qui enveloppent tout discours des Bogdanov. Je ne lui ai pas encore donné mon retour mais il a bien fait d'être méfiant. ^^

Ensuite, outre les erreurs, aberrations et raccourcis scientifiques que les frères étalent pendant tout le livre, il y a certains côtés intéressants à remarquer dans leur démarche argumentative. En particulier dans la narration, car il s'agit d'un ouvrage de "vulgarisation" romanesque. Les Bogdanov prennent bien 70% du volume du bouquin à nous raconter des anecdotes inutiles sur chacun des scientifiques cités, outre le détail approfondi de leur passé, leur présent, leur futur, leurs hobbies, leurs petites manies etc... S'ils accordaient autant de verve à expliquer les théories qu'ils évoquent, on aurait peut-être plus de matière à réfléchir. Le côté romanesque est en plus appuyé par tous les suspenses et teasings qu'ils mettent en place en vue de la suite du livre.

Le deuxième point important sur lequel je souhaitais revenir, qui se recoupe notamment avec le point précédemment énoncé, c'est la déformation historique en vue de soutenir leur thèse de la fin du hasard, ou en tout cas du côté absolument négatif du hasard. Ainsi, Turing est présenté comme un chevalier au service des Alliés pendant la seconde guerre mondiale, et contre qui lutte-t-il ? Le hasard. Le hasard qui est utile au camp des nazis, le hasard, ce Hitler conceptuel. Et évidemment, il "bat" le hasard, et ainsi les Alliés gagnent la guerre contre les nazis ! De même, les passages sur les 4 mousquetaires physiciens oppressés par le régime soviétique, le stalinisme pro-hasard, sont du même acabit. Des réécritures de l'Histoire qui mettent les gentils contre le méchant hasard qui est toujours dans le camp de personnalités inhumaines.

Cette démarche est aussi présente dans une sorte de personnification du hasard: le hasard est méchant, il rend les gens malheureux, il pousse certains au suicide, il lutte pour asseoir sa domination suprême sur l'Univers. Au contraire, l'ordre est toujours positif.

Enfin, la dernière remarque concerne l'absurdité de leur argumentation, tout au long du livre, jusqu'au point culminant de la conclusion pathétique. Les auteurs ne cessent de le répéter : l'Univers n'est pas le fruit du hasard car... Il est merveilleusement bien ordonné. D'autres tournures de ce faux-syllogisme sont dispersées au fil du bouquin, par exemple : si les constantes universelles étaient ne serait-ce qu'un poil différentes, l'univers serait tout autre et la vie n'aurait pas pu se développer (comment le savent-ils ? Mystère). Tout ça pour, dans la conclusion, nous annoncer que de toute façon, ils ne voient même pas pourquoi argumenter puisque le fait que l'univers est ordonné et que le hasard n'existe pas est l'ÉVIDENCE MÊME (voir le dernier screenshot du LT 2ème partie). (On se demande du coup pourquoi avoir écrit 312 pages et faire payer 20€ pour ça). L'argumentation se résume donc à "Une chaise ne peut pas se former spontanément au hasard, donc le hasard n'existe pas."

Et passons sur toutes les techniques de crédibilisation de leur discours et de leur statut avec le name-dropping monstrueux qu'ils appliquent du début à la fin et leur plaidoyer sorti de nul part et sans queue ni tête concernant la thèse très discutée de Grichka en physique. J'en ai déjà trop dit.

Et alors ne parlons même pas de leur thèse sur l'avant Big Bang où le temps imaginaire (conceptualisation mathématique dérivée du temps complexe uniquement utile pour la modélisation en physique) devient un truc concret dans lequel tout est INFORMATION. Et le code cosmologique, et les messages du Créateur de l'Univers, et le CLOUD cosmologique... Pfou, ça va trop loin et ça peut laisser des séquelles. Je sens que je vais en faire des cauchemars.

Je ne conseille à personne de même TENTER de lire ce truc. A vos risques et périls, vous avez de fortes probabilités (QUI MONTRENT QUE LE HASARD N'EXISTE PAS) de ne pas en ressortir sain d'esprit.
White-Fangs
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le 16 mars 2014

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