Suite au succès de son premier roman, Le confident publié en 2010, Hélène Grémillon nous livre trois ans plus tard, son second roman, La Garçonnière.
Le récit se déroule à Buenos Aires en 1987, dans un contexte post-dictatorial, au coeur d'un pays encore meurtri par les affres de la guerre et des exactions militaires ayant entraîné la mort de plus de trente-mille personnes, les tristement connus desaparecidos. Eva Maria, ravagée par la disparition de sa fille, tente laborieusement d'aller de l'avant. Noyée dans le chagrin et l'alcool, elle se perd et ignore son fils, celui qui lui rappelle tellement son aînée, celui dont l'image n'est que le reflet d'un destin brisé, écrabouillé par la plus violente des injustices. Afin d'alléger le poids d'une absence, elle se rend chaque semaine chez Vittorio, son psychanalyste, un homme qui la soulage le temps d'une séance, l'apaise et la réconforte.
Un soir, Lisandra, la femme de Vittorio est retrouvée morte sur l'asphalte, le crâne brisé, les bras écartés, les yeux ouverts. D'abord bercés par la certitude du suicide, les enquêteurs se tournent très vite vers l'hypothèse du meurtre, un meurtre où tous les indices semblent accabler Vittorio. Eva Maria, alors orpheline de réconfort se retrouve seule face à l'insurmontable, le deuil de sa fille Stella. Ne pouvant se résoudre à la culpabilité de Vittorio, elle décide de découvrir par ses propres moyens une vérité qui pourrait l'innocenter. Alors que l'intrigue du confident était rythmée par de longues lettres, ici, elle se construit au rythme des découvertes d'Eva Maria.
L'écriture, bien qu'un peu lente et faiblarde dans les premiers chapitres, se métamorphose au gré de monologues touchants et gagne finalement en fluidité. On est happé par l'intrigue, le suspense, l'inéluctabilité des évènements qui s'enchaînent, s'emboîtent et se superposent. Regrettant parfois le côté un peu trop prévisible du déroulement de l'enquête, on est cependant emporté par le récit qui nous plonge dans une atmosphère sombre et pesante, nous pressant presque de finir le livre.
A de nombreuses reprises on peut être un peu lassé par la redondance de certains passages, notamment quand le dénouement se fait plus qu'attendre. On est alors noyé dans un pré-dénouement assez bâclé je dois le dire, qui tente de faire monter le suspense jusqu'à son paroxysme sans pour autant y parvenir... A défaut de nous intriguer d'avantage, ce pré-dénouement nous ennuie un peu, et nous empêche d'apprécier pleinement un dénouement pourtant surprenant.
On se rend vraiment compte de l'importance du passé, encore une fois omniprésent dans ce roman, les actions des personnages, leur comportement est prédestiné par ce dernier. La garçonnière est intimement lié au confident, autant dans sa structure que dans la noirceur de son dénouement.
Si parfois l'intrigue manque de subtilité ou d'authenticité,La garçonnière reste une lecture très agréable, on ne boude pas son plaisir. S'inscrivant dans la lignée de son prédécesseur, La garçonnière a de quoi vous combler si vous avez apprécié Le confident. Bonne lecture !