La Géopolitique des séries par Lamartiste

En se focalisant sur un plan moral subjectif dont on peine à distinguer les contours, l'analyse ne laisse aucune place aux sociétés et aux peuples et ne préfigure d'autres horizons que le chaos et le déclin. Les attentats du 11/09 deviennent la pierre angulaire d'un raisonnement simpliste, jusqu'à expliquer l'avènement des séries tandis que la part belle est faite aux émotions, dont la seule teinte serait le gris pâle de la peur. S'y trace le lit d'un monde ou les séries ne seraient que le seul reflet du déclin occidental, certifiant en sous-texte que la peur aurait toujours été absente des productions dramatiques.

Ici House of Cards est décrite comme une critique du déclin de la démocratie - feignant qu'il n'en aurait pas toujours été ainsi au sein des démocraties occidentales, Game of Thrones (GoT) devient une pâle prophétie des conflits du monde arabe et Homeland y est entièrement dénaturée des mises en abîmes qui s'y opèrent. Tandis que le générique de la série de GoT met en scène la sophistication des ressorts des jeux de pouvoir et de domination par des mécanismes d'engrenages surgissant à travers la carte de Westeros, l'auteur s'emploie ici à caricaturer les rapports de force de notre monde et celui des séries en les assimilant simplement à une espèce de chaos morbide. Les séries ne sont pas le propos dans cet essai, elles ne font que servir le propos de l'auteur.

Les conflits lointains sont résumés le plus souvent à leur essence religieuse et ethnique, comme si la politique était l'apanage de l'Occident seulement. Malgré tout, le texte est peuplé de références culturelles intéressantes cependant rarement approfondies.

La perception du monde se résume au chaos et à la peur selon l'auteur, oubliant d'une part les multiples tonalités que peut emprunter la peur, mais surtout la myriade d'émotions et de ressentis qui composent chaque individu, chaque société. En résumant la géopolitique à une émotion, c'est toute la dimension politique qui s'efface. Dommage.