Pas la peine de s'attarder sur une longue critique.
Les personnages sont tous fades et très peu caractérisés. Le héros, Gersen, reste une quasi-toile blanche jusqu'à la fin du dernier bouquin. Sa seule motivation est la vengeance, au point qu'il se comporte presque comme une machine. Toutes ses actions sont extrêmement pragmatiques, il n'exprime aucune émotion.
Les personnages féminins qui l'accompagnent ont ceci d'agaçants qu'ils ont un rôle purement décoratif auprès de Gersen, qu'elles semblent aimer contre toute raison. Elles sont véritablement réduites à l'état de femmes-objets, des sortes de trophées que Gersen se refuse à garder avec lui "parce que sa vie est remplie de dangers et qu'il n'a rien d'autre à offrir" (vous voyez d'ici le cliché Jamesbondien pas cher). Infantilisées et souvent décrites comme irresponsables, légères, elles n'apportent strictement rien à la narration hormis une occasion de prendre un peu de plaisir pour le "héros".
Enfin, les cinq Princes-démons (de grands criminels galactiques) sont décrits comme horriblement pervers/violents. Cependant leurs actions ne sont que très peu expliquées et ils ne paraissent jamais si terribles que ça : on était pourtant en droit de s'attendre à de véritables démonstrations de cruauté ou de ruse de leur part. Le pire étant que leur méfait initial, celui qui a poussé Gersen à vivre dans l'idée de vengeance perpétuelle, n'est même pas expliqué et laisse penser qu'ils ont lancé un petit massacre à l'aveugle, juste pour le plaisir.
La structure est strictement identique d'un livre à l'autre. Gersen commence à chercher sa prochaine victime, puis il rencontre une femme qui va rester avec lui jusqu'au dénouement. L'enquête se poursuit, il rencontre le prince-démon qu'il recherche puis le tue. Il se sépare alors de la femme avec qui il a partagé son aventure, fin. Répétez ce scénario cinq fois pour obtenir "La Geste des princes démons", un énorme pavé insipide que je me suis farci plus par principe qu'autre chose.
Le héros voyage beaucoup et découvre régulièrement de nouvelles villes et planètes. Cependant les environnements ne sont pas assez explorés et leurs descriptions sont souvent insuffisantes pour permettre une véritable représentation des lieux de la part du lecteur. Le manque de détails se fait tristement sentir tout au long des cinq livres, qui avaient pourtant un excellent potentiel de space opera.
A aucun moment Vance ne nous propose de concepts innovants comme ceux d'Asimov, ou d'intrigues et d'environnements uniques comme ceux de Frank Herbert.
En résumé, tout est oubliable dans cette "Geste des princes démons", un titre incroyablement pompeux pour une oeuvre aussi pénible et fade. Je ne connais pas le reste du travail de Vance, mais s'il est du même acabit j'ai beaucoup de mal à comprendre d'où vient sa renommée. Peut-être est-elle liée à l'époque de parution originale de ses bouquins, peut-être son écriture et son univers étaient-ils novateurs à leur époque. Aujourd'hui, c'est imbuvable.