Par son ouvrage, Saskia Sassen nous propose une réflexion sur la globalisation et ses processus en général, mais la conception de la ville globale semble ressortir comme un élément majeur pour la compréhension de la globalisation. Que ce soit en matière d’économie, de production, de politique, d’enjeux sociaux et sociétaux et même de numérisation, la ville apparait en effet comme un lieu omniprésent de la globalisation. Elle est le nœud de la chaîne des relations interfrontalières entre les entreprises, les institutions et les individus. Espace de revendications politiques et de conflits sociaux, la ville globale est aussi bien la scène des actions communes et de l’alliance des cultures qui fait de ses usagers des acteurs globaux engagés que celle des divergences d’opinions et des inégalités socioculturelles qui peuvent conduire à la violence urbaine. À l’ère de la globalisation, l’ouverture des frontières et les attaches reliant les villes globales partout dans le monde sont des atouts pour la mise en réseau d’acteurs éloignés dont l’alliance leur permet une meilleure visibilité sur le plan politique et civique. Mais cette ouverture et sa toile de réseaux interfrontaliers conduisent aussi à ce que j’appellerais les dangers de la globalisation, soit les réseaux de criminalité et de trafics d’hommes et de femmes, d’armes ou de drogues, ainsi que les menaces croissantes d’un terrorisme qui est même désormais lui aussi connecté aux réseaux du cyberespace et qui use de cette globalisation et de ses assises dans les villes globales pour recruter des acteurs dans une multitude de zones et de secteurs. L’actualité en témoigne ainsi avec le recrutement massif des djihadistes en Europe.
Les études et les concepts dégagés autour de la ville globale en ce début de siècle restent à approfondir, ce que ne manque pas de souligner Saskia Sassen à plusieurs reprises, et cela se fera sans aucun doute dans le contexte d’une globalisation au développement exponentiel.
Cet ouvrage théorique est appréciable pour son objectivité. L’auteur ne pose aucun de ses arguments comme vérité absolue, mais seulement comme des théories évolutives fondées sur des constats et sur des travaux antérieurs de la sociologie. Il me semble néanmoins que ce livre se destine principalement aux initiés des sciences sociales et économiques, et certaines définitions de concepts majeurs utilisés par l’auteur manquent pour une compréhension plus aisée et une meilleure accessibilité aux individus simplement curieux de la globalisation.
