Une bonne idée mal desservie

L'exploration méritait le détour: la vie quotidienne d'allemandes prises comme otages de la sécurité d'Hitler de 1941 à 44. Une autre déclinaison de la raison d'état sous le 3ieme Reich. La transposition avec bien d'autres personnes dans leurs situations professionnelles ou sociales aurait pu aussi en être éclairée.

L'auteure a réalisé un travail non negligeable pour imaginer la vie quotidienne de ces femmes-là, leurs relations, leurs possibles mésaventures, leurs espoirs et leurs desespoirs. Son style est agréable. Des trouvailles interessantes, comme dans un musée de campagne; mais un rythme introuvable, comme un journal intime parfois.

Mais je ne comprend pas les ressors qui animent ces femmes-là; les personnages me sont restés étrangers tout au long du roman. J'ai eu l'impression de regarder un film un peu prétentieux, dont les scénes se succedent sans que j'en comprenne les liens essentiels ; les personnages m'ont paru ne jamais s'incarner, demeurant à l'état de spectres dans l'univers mental de l'auteure.

Cet univers m'est assez éloigné, comme la dénaturation de l'histoire somme toute suffisante de cette femme (du moins selon ce qu'elle a révélé à la fin de sa vie au journaliste qui est venu l'interviewer); l'auteure l'a revisité selon ses schémas trés artificiels. Les intrigues sentimentales sont ternes, décrites de maniére trés distante par les protagonistes, leurs fades destins mis au compte de l'Histoire.

Pas sûr que ce roman rende justice à cette horrible période de la vie de Margot Woelk.

Rosella Postorino semble avoir beaucoup apprécié Marguerite Duras, et c'est peut-être pour moi une explication.