La Grande Porte par Mighty-Forest
« La Grande Porte, c'est un astéroïde construit par la très avancée civilisation des Heechees.
Ils ont disparus, les Heechees, mais sur place sont restés des astronefs programmés pour se rendre un peu partout dans l'univers.
Venus de leur planète (bien polluée !), les Terriens s'embarquent: selon la destination, ce sera la fortune, la démence, ou la mort. Un risque...
Broadhead est revenu, lui, et riche. Il vit à New York, sous la Grosse Bulle protectrice, et il séduit les filles en leur racontant Sirius ou Orion.
Que souhaiter de plus ?
Et pourtant, chaque semaine, il court, anxieux, chez Sigfrid von Shrink. Non, ce n'est pas un ami, c'est un ordinateur, psychanalyste de son état... »
Avec un synopsis comme celui-là, Frederik Pohl aurait tout à fait pu nous faire découvrir les coins les plus dangereux, les plus exotiques et/ou les plus insolites de la galaxie en nous embarquant en plein Space-Opera à bord des mystérieuses machines des tout aussi mystérieux Heechees.
Et c'est à l'exact opposé qu'on a droit, l'auteur se concentrant sur Robinette Boradhead, un individu lâche, trouillard, parfois violent et misogyne, cherchant la richesse afin d'échapper à sa vie déprimante. Un parfait anti-héros, en somme, mais que Frederik Pohl parviendra à rendre attachant et très humain, car faible et plein de doutes.
La Grande Porte est une entreprise construite sur un astéroïde abandonné par les Heechees, mystérieuse race extraterrestre disparue depuis des millions d'années et dont personne ne sait rien. Les différents astronefs qu'on y trouve sont impossibles à programmer, personne ne sait comment ils fonctionnent réellement ni quel carburant ils consomment. Une fois aménagés et bourrés de provisions, ils ont utilisés par un équipage partant vers une destination inconnue au cours d'un voyage pré-programmé pouvant durer quelques jours comme quelques mois -auquel cas l'équipage à peu de chance de survivre, même en ayant recours au cannibalisme – et pouvant déboucher sur la richesse, sur la mort, ou sur rien du tout...
La Grande Porte est un endroit glauque et désespérant, complètement déshumanisé, et exploitant les rêves et les espoirs de célébrité et de richesse des gens, faisant de cette ruée vers l'or spatiale une véritable loterie que beaucoup paieront de leur vie.
En lieu et place du Space-Opera flamboyant auquel on pouvait s'attendre, Frederik Pohl nous livre au contraire un roman sombre et cynique et nous dresse le portrait d'un anti-héros tout en nous plongeant dans un monde sans espoir au sein duquel les gens sont prêt à tout pour la richesse et la gloire.
Ajoutons à ça un background passionnant et bourré de bonnes idées, complété et enrichi par de nombreuses notes -on a même droit à du code de programmation de Sigfrid von Shrink !- ainsi qu'une satyre souvent hilarante de la psychanalyse et on obtient un bon gros chef d'œuvre complètement ultime.
C'était génial !