Avis La guerre des vanités de Marin Ledun
Je ne pensais pas que cette critique serait aussi difficile à écrire. J’ai déjà lu quelques livres de Marin Ledun, assez déstabilisants, mais celui-ci l’est encore plus que les autres. Tous ses romans sont très psychologiques par rapport à ses personnages mais est-ce dû au fait qu’ici ce sont des enfants, des adolescents qui en sont pratiquement les héros, malgré eux ? Je ne sais pas. Je n’arrive pas à expliquer mon sentiment. Comme Korvine, nous naviguons, à vue, dans ce roman. Marin Ledun a l’art et la manière de nous entraîner sur des pistes, des pentes inattendues. Pourtant, quelques mots, quelques phrases laissent de précieux indices.
L’urgence est là face à cette vague de suicides qui touche de nombreux adolescents d’une petite ville dont le Rhône est proche. Qui leur en veut ? Pourquoi font-ils ça ? Pourquoi se filment-ils ? L’enquête mettra à jour, difficilement, que ces enfants se connaissent, qu’ils se côtoient. Sont-ils la proie des adultes, de pédophilie ? Mais les parents ne parlent pas, ils semblent anéantis. Et les enfants qui restent sont plongés dans le mutisme. Leur seule défense est que les adultes ne comprennent pas.
Entre un lieutenant qui cache ses soucis de santé et qui ne veut pas ouvrir ses analyses et tous ceux qui sont contre lui, cela s’annonce difficile. Korvine ne va pas lâcher le morceau, si je peux écrire ce mot. Il connaît la ville car il y a vécu. Mais il faudra qu’il persévère, comme il sait si bien le faire, ce qui lui vaut pas mal d’ennuis, qu’il affronte tous ces gens, tout ce qu’ils cachent pour faire émerger la vérité. Tenacité, pugnacité, Korvine est un électron libre qui est surveillé.
Entre les dangers d’Internet, des vidéos partagées par ces jeunes en construction, Marin Ledun démontre que le danger est vraiment plus proche d’eux, par des adultes en qui ils sont censés avoir confiance. Il est vrai que ce qu’ils ont trouvé pour rendre hommage à leur ami n’est pas au top tout de même. Ils ont pensé bien faire. De plus, il y a un notable derrière tout ça.
Alors oui, Marin Ledun m’a déstabilisé. En premier lieu car il a quitté le Sud-Ouest, donc je n’arrivais pas à retrouver des cadres que je connais. Pourtant, Dans le ventre des mères m’avait fait voyager pas mal mais les suivants étaient plus proches de moi géographiquement. Marin Ledun ne m’a pas déstabilisé au niveau de l’écriture car tout est fouillé, tout est bien construit. Il sait mettre à jour les méandres de la psychologie humaine, dans ce qu’elle a de plus noir avec ce sang qui revient encore et toujours, ces morts qui sont plus importants que les vivants.
Résumé La guerre des vanités de Marin Ledun
Tournon sur Rhône voit le suicide de nombreux enfants et adolescents.
Korvine, qui est allé chercher ses analyses et qui travaille comme lieutenant dans la police de Valence, est dépêché sur place.