Fin de ce que j’appellerais la trilogie de jeunesse de Pratchett et début d'un nouveau cycle au sein du Disque-Monde, la Huitième Fille est le 3e ouvrage de Pratchett et laisse Rincevent se dorer la pilule à l'Université de l'Invisible pour se concentrer sur les habitants du petit royaume de Lancre.


Fini les histoires de sauvetage de l'univers, de héros, et de tourisme. Cette fois-ci, la couleur est donnée d'entrée : on va relever le niveau. En parlant sexe. Et magie, toujours, un peu. Difficile de se balader dans le Disque-Monde sans parler magie.


La Huitième Fille est un bon ouvrage pour vous donner une idée de ce que sera l’œuvre de Pratchett. Centrée sur le personnage d'Eskarina Lefèvre, huitième fille d'un huitième fils et par conséquent, première mage femme du Disque-Monde, l'histoire va suivre le parcours de cette gamine aux idées bien arrêtées dans un monde qui n'est pas vraiment préparé à une petite leçon sur l'égalité des sexes.


Globalement, dans ce tome, Pratchett fait preuve d'un peu plus d'audace et commence à prendre son envol : ayant posé son univers dans les tomes précédents, il va s'appliquer à y faire surgir des thématiques modernes. Et pour commencer, quoi de mieux que le féminisme ? Bien entendu, la modernité est accueillie par la cohorte de débiles qui peuple le Disque-Monde avec... divers degrés d'enthousiasme : ici, ils vont de nul à pas terrible.


Soyons francs, il y a encore un peu de boulot.


Si la première partie, qui relate l'initiation d'Esk par la sorcière bourrue Mémé Ciredutemps est un petit régal à lire, la deuxième partie, qui voit Esk arriver à l'Université de l'Invisible pour apprendre la magie patauge un peu plus et retombe finalement dans un final assez convenu.


Pratchett commence néanmoins à affirmer ses principaux atouts :



  • Son style : il ne change pas, et garde les bons côtés du tome précédent : Pratchett aime les comparaisons improbables, les jeux de mots, a un certain talent pour la punchline et sa manière d'écrire reste un joyeux bordel, qui se lit toujours aussi bien. Ne vous attendez pas à des miracles : si vous n'aimiez pas avant, ça ne risque pas de changer.

  • Ses personnages : entre Esk, cette gamine pas vraiment
    sorcière, mais pas vraiment mage non plus qui, pour trouver sa place
    dans l'univers quelque peu casanier du Disque-Monde, va être obligée
    de se la tailler à coup d'audace et de grande gueule et Mémé Ciredutemps, vieille peau
    irascible, bornée et conservatrice comme pas permis, ce tome vaut le
    détour. D'autres seconds rôles sont également assez drôles.


La Huitième Fille est un solide tome des Annales. Il est révélateur de l'ambition de Pratchett : utiliser la drôlerie, le parodique et son univers sacrément farfelu pour s'attaquer à des thématiques tout ce qu'il y a de plus sérieuses et modernes. Même si le message envoyé ne révolutionne pas non plus le genre, et si l'intrigue s’essouffle vers la fin, ce tome reste toutefois la marque d'un gros changement de cap pour le Disque. Changement bienvenu.

Hamsolovski
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le 3 août 2015

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