Cinq courts récits autobiographiques, doux-amers, avec pour thème commun le souvenir, plus souvent celui de l'enfance. Malgré d'autres leitmotivs chers à l'auteurs, comme l'amour de la nature et l'apprentissage intellectuel, les nouvelles se distinguent chacune par un charme particulier, toutes émouvantes à des degrés divers. Mon enfance, porte d'entrée du recueil, est la plus longue car constituée de deux parties ; elle est aussi une porte d'entrée directe dans la sensibilité de Hesse en tant qu'enfant et poète futur. Intéressant pour les lecteurs assidus de l'auteur, ce récit est plutôt simple, ordinaire, seule la fin se distingue quelque peu. La nouvelle suivante, Histoire de mon Novalis, est quant à elle passionnante : métatextuelle, elle interroge le passé même du livre objet et décode les enjeux de la bibliophilie. L'histoire d'une édition en deux tomes de l'oeuvre de Novalis, depuis 1837. C'est à mes yeux la nouvelle la plus singulière et touchante de l'ouvrage. Ensuite vient Le mendiant, texte aux relents dostoïevskiens qui relate l'ébauche d'une conscience de classe. Mon camarade Martin, ma seconde nouvelle préférée, revient sur une relation de l'auteur comme il y en a tant mais dont on parle si peu : celle entre deux amis d'enfance, plutôt connaissances qu'amis, ayant des rapports ténus, écartés dans le temps, insignifiants en apparence mais qui pourtant durent toute une vie et se prolongent dans une mémoire paradoxale. Cette nouvelle questionne les rapports humains sous un jour singulier, non dénué d'inquiétude. Enfin, La leçon interrompue renouvelle la question sociale du point de vue de l'élite dans le microcosme scolaire ; privilégiée, complice, coupable, mais également dominée par ses propres paradigmes.