Ayant découvert l’univers de Game of Thrones par la série TV et non par les livres, j’ai abordé les livres comme un complément, ou une alternative peut-être, à la série dont j’ai fini par être fan, j’en ferai de même dans ma critique. Je ne spoilerai pas dans le détail de passages importants, je les sous entendrai tout au plus mais j’en parlerai quand même à demi-mot donc bien sûr si vous voulez une découverte totale, lire cette critique n’est pas recommandée mais j’ai envie de dire que ça vaut pour toute critique dans ce cas-là.
Je ne sais pas si Jaime fait sa loi mais il est utilisé très différemment dans ce tome par rapport à la série. Déjà, il fait son retour juste après que la tourte soit mal passée, les retrouvailles avec Cersei comme avec Tyrion en ont bien plus d’impact et je ne comprends pas du tout le choix de la série de l’avoir fait revenir plus tôt pour au final des scènes inédites sans grand intérêt. À l’inverse, beaucoup de passages du livre avec Jaime sont absents de la série, or je les trouve très pertinents pour la plupart : sa relation avec son fils est mieux expliquée, sa reprise en main de la garde royale lui rend du charisme en tant qu’homme avisé et de principe...
Mais c’est surtout l’intrigue en parallèle avec les Martell qui est bien plus riche ici avec les plans de Tywin qui auraient été de marier Cersei à Oberyn et Jaime à Margery alors que Oberyn y voit une opportunité de faire de Myrcella, promise de son neveu Trystan, la reine selon la loi de succession Dornienne pour concurrencer la souveraineté de Tommen. Cette dernière idée me paraît très intéressante bien que complètement absente de la série, j’ai vraiment hâte de voir comment elle sera exploitée par la suite parce que ça peut vraiment complexifier et enrichir grandement cet arc narratif un peu simpliste dans la série.
Le recours au duel judiciaire est en revanche un peu trop vite évoqué à mon goût, la série a mieux géré le rythme là-dessus en jouant sur le fait que Tyrion se trouve de plus en plus acculé car dépourvu de champion. Le duel entre la vipère et la montagne est sans doute le meilleur passage du tome et son efficacité est aussi grande bien entendu dans le livre. Pour en finir avec cet arc narratif l’évasion et ses conséquences sont mieux menées dans la série TV également, plus bavard là où ça le nécessitait, plus silencieux quand c’était préférable.
Au nord du mur, la bataille continue et s’intensifie, si elle était la deuxième grande bataille filmée de la série et si elle était très bien filmée avec un bon budget derrière sans aucun doute, c’est encore une fois la version littéraire qui a plus de gueule. On parle quand même d’une centaine de mammouths, d’engins de siège improvisés comme la tortue... et avec un tel matériau il y avait sans doute encore mieux à faire à l’écran même si au moins la bataille n’a pas été skippé et est même plutôt réussie, preuve en est : ce n’est qu’à la lecture de ce tome que je me suis dit qu’elle aurait pu être mieux.
Après la bataille, alors là c’est le showtime sur les spécificités de cette version littéraire : le cor de l’hiver qui pose l’enjeu de passer le mur pour Mance sans le détruire si possible et rend ainsi la négociation avec Jon bien plus stressante de par des enjeux plus saisissants, l’arrestation de Jon qui se fait avec des accusations bien plus lourdes de Thorne et de Slint au point d’installer un doute sur ses chances de survie à cause de cela, l’existence de la fille et de la belle-sœur de Mance qui humanisent encore plus le personnage...
Jon m’a donné l’impression d’hésiter réellement à accepter la proposition de Stannis, ce qui est en plus mis en parallèle des plans de Sam qui pourrait donc poser problème là où le rythme abordé par la série se loupe complètement sur la question. L’élection du lord commandant en est plus complexe en mettant en avant davantage de factions au sein de la garde de nuit, Stannis qui veut prendre en main la défense du mur et s’imposer enrichit l’aspect stratégique de défendre le mur, la ruse amusante de Sam montre qu’il peut être utile à Jon de par son intelligence et pas seulement un bon ami...
Pour les intrigues avec Daenerys qui hésite davantage à se séparer de Jorah, Sansa confrontés à davantage de péripéties dans le Val, il y a bien quelques différences et passages inédits mais je trouve que c’est un peu négligeable contrairement aux deux arcs narratifs précédents. Par contre, la fin de ce tome est celle de la révélation sur Lady Stoneheart dont j’avais entendu parler tellement ça avait choqué les fans de ne pas la voir dans la série de saison en saison. Si le passage avec elle m’a bien plus, j’attends d’en savoir plus sur son existence et son implication dans le récit pour juger de sa pertinence.
Ce qui est certain c’est que ce neuvième tome étend davantage ses spécificités par rapport à la série et ça m’en a fait une lecture très captivante comprenant également ses grands moments même si nécessairement moins nombreux que pour les noces pourpres. Le défi de relancer vite et bien de nouvelles intrigues suite à la clôture de pas mal d’entre elles dans le dernier tome est très bien relevé ici et j’ai hâte d’en poursuivre la lecture.