Les bourreaux de Turing ont gagné...

On se demande parfois si les gens qui écrivent des biopics s'intéressent vraiment aux personnages dont ils racontent l'histoire. À titre personnel, je me suis posé cette question durant toute la pièce.

Alan Turing est un scientifique fascinant qui, le premier, a développé un cadre formel au principe de décision mathématique. Sa "machine de Turing" n'est pas, contrairement à ce qui est sous-entendu dans la pièce, l'ordinateur qu'il a développé pendant la guerre, mais un modèle abstrait du fonctionnement d'un automate qui serait (théoriquement) capable de résoudre tout problème de calcul formel.

Mais Benoît Solès se moque totalement des travaux d'Alan Turing et de ce qui a été la source de ses émerveillements durant ses 41 années de vie. Tout le côté scientifique de sa vie est survolé, pour ne laisser de place qu'à son homosexualité (dépeinte de façon particulièrement caricaturale) et son procès.

Tout ce pourquoi il s'est battu, s'est questionné, s'est enthousiasmé durant sa vie est balayé d'un revers de la main et tous les gens qui sont allés voir cette pièce n'en retiendront que l'image de cette victime, de cet homosexuel caricatural, à la limite de l'autisme, qui passe son temps à faire de mauvais jeux de mots en riant bêtement. En cela, ils perpétuent sans doute la volonté de ceux qui l'ont fait condamner. Est-ce là ce que Turing aurait aimé que l'on retienne de son oeuvre ?

Faites donc le test à la sortie de la pièce, demandez aux gens autour de vous : êtes-vous capables d'expliquer ce qu'est une machine de Turing ? (et pour ceux que ça intéresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/Machine_de_Turing)