Un pavé sur l'Union Européenne d'un point de vue éco et social et sur les solutions pour revenir à u

Synopsis Frédéric Lordon est un économiste du groupe les économistes atterrés, il est chercheur au CNRS et défend la thèse d'une économie spinosiste. Ce livre analyse d'abord la situation de l'Union Européenne et fait le bilan de ses impasses. L'économiste n'est pas vraiment content de la situation actuelle et il l'exprime avec sa verve habituelle. Il propose ensuite 2 plans possibles : un de sortie de l'Union Européenne (revenir à la souveraineté des Etats puis reconstruire une Europe sociale) et un de réaménagement de l'Union Européenne (avec une monnaie commune mais sans l'Allemagne ou alors sous certaines conditions). Comme le précise l'auteur au début du livre, il ne s'agit pas d'un pamphlet anti-capitaliste car il est presque impossible aujourd'hui de sortir du capitalisme dans les conditions actuelles (il existe néanmoins plusieurs formes de capitalisme possibles) mais le livre lance des propositions possibles et adaptées à un changement de la structure capitaliste. Je vais tenter de résumer les nombreux thèmes de livre en tentant de rendre le tout le plus clair possible, je vais vulgariser la pensée complexe et donne des éléments de compréhension aux gens intéressés par ce sujet qui permet de ( mieux) comprendre le monde contemporain dans lequel on vit.


**Première partie : Analyse de l'Union Européenne et de ses impasses **



  • Le premier chapitre du livre remet en contexte la situation de L'Union Européenne actuelle. Elle décrit la mondialisation de l'UE et de la Terre entière et revient inévitablement sur la crise des subprimes en 2009. Lordon revient sur l'article 63 du Traité de Lisbonne : " Toute restrictions aux mouvements des capitaux entre Etats membres et pays tiers sont interdits". Autant entre Etats membres c'est compréhensible au vu de la logique de la construction européenne mais entre pays tiers cela a entrainé la mondialisation et la dérèglementation des marchés. C'est ce même laxisme des règles au niveau bancaire et la dérèglementation des marchés qui a entrainé la crise des subprimes en 2008 aux USA mais aussi en Europe à cause de la politique européenne menée et dans le monde entier (alors qu'au départ il ne s'agissait qu'une crise interne propre aux USA).

  • Les traités empêchent l'économie alternative et soumettent les pays au diktat néo-libéral. Que la France soit dirigé par un gouvernement UMP("Droite décomplexée") ou PS ("Droite complexée" dixit Lordon) les réformes au niveau européen seront sensiblement les memes et portée vers la pensée néo-libérale. Pour appliquer une autre politique, il faut sortir de l'Europe ou y etre contraint par les organisations de l'UE. L'exemple de la Grèce a été flagrant, elle n'a eu que pour seul choix la sortie de l'UE pour appliquer sa politique et elle a finalement cédé au diktat néo-libéral.


  • Le chapitre suivant évoque le TSCG(Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance). Ce traité a été voté sous la présidence d'Hollande notamment et c'est un véritable outil de punition pour les pays européens qui ne respectent pas les traités ou qui ne sont pas " structurellement ajustés". Chaque pays européen non satisfait peut donc attaquer son pays voisin en justice et c'est la Cour de justice européenne qui donnera son verdict.


  • Il évoque aussi les eurobonds : ce sont les obligations (titre de créances, l'équivalent d'emprunt) qui seront émis dans la zone euro afin d'atténuer le pouvoir des marchés et d'aider les pays de la zone euro qui sont en difficulté. Sur le papier, c'est plutôt une bonne idée : une première idée politique européenne commune mais il y a un obstacle de taille : L'Allemagne n'a aucun intérêt à appliquer les euro-bonds (alors que ces derniers seraient utiles à l'intérêt commun de l'UE). Toujours le même problème pour l'Union Européenne qui n'est pas souveraine et qui ne permet pas de distinction entre les Etats : la même politique sera appliquée pour tous.


  • Le troisième chapitre propose quelques éléments de critique sur la domination allemande. Lordon commence par dire qu'on ne peut plus critiquer l'Allemagne du point de vue économique dans le débat public( entretenu par les médias) sans se faire traiter de germanophobe. Il trouve cela stupide car on peut critiquer les USA pour les armes à feu et leur interventionnisme mais pas l'Allemagne pour le fait monétaire.
    -L'Allemagne ne souhaite pas que la BCE aide financièrement les pays de la zone euro car elle veut que les autres pays continuent leur effort d'ajustement monétaire. Elle souhaite également que la BCE reste indépendante ( et ne sorte pas la planche à billet pour la zone euro).
    -Si la BCE veut agir et donner de l'argent aux pays de la zone euro, c'est pour son propre intérêt pour préserver l'euro comme monnaie car si il n'y a plus d'euro il n'y a plus de BCE...
    -Lordon critique fortement le fait que l'Allemagne ne veut pas aider les autres pays financièrement et veut que la BCE reste indépendante alors que les banques allemandes( et aussi européennes mais l'Allemagne est le pays qui en a le plus bénéficié) ont recu des centaines de milliards d'euros après la crise des subprimes en 2008.
    -La BCE est donc au centre des " obsédés monétaires", l'indépendance demandé par l'Allemagne n'est qu'une demande pour renforcer sa domination.
    -Néanmoins selon Lordon, cette domination meme si elle est marquée aujourd'hui reste fragile. L'Allemagne manque d'un projet de domination contrairement aux Etats-Unis aux années d'après seconde guerre mondiale( avec notamment le plan Marshall). Lordon reste critique vis à vis des USA mais le pays avait un plan de domination net et précis et il a également permis aux pays européens de se reconstruire après cette 2nde GM. L'Allemagne ne fait qu'appliquer des mêmes idées fixes et ne prête pas son argent aux autres pays en difficulté, c'est donc un pays dominant qu'à contrecœur de l'UE.
    -Pour finir, Lordon met en exerce l'échec social des relations entre l'Allemagne et les autres pays européens mais en précisant que le projet entier d'une Europe sociale est inexistant. Le sentiment d'etre européen chez les jeunes est quasi nul : on se sent Français, portugais ou espagnol avant d'etre européen. En plus de l'aspect économique; tout l'aspect social est à développer : échanges culturels, universitaires, apprentissage des langues. Encore beaucoup de choses sont donc à construire et pas uniquement du point de vue éco.



Seconde partie La Grèce et la sortie de l'euro, la politique du défaut


-Avec tout ce qui s'est passé cet été en Grèce, ce chapitre est complètement d'actualité. La Grèce ne peut proposer une politique économique alternative à cause du cadre institutionnel instauré par les traités et par la Troika qui lui impose la politique d'austérité. La Grèce doit sortir de l'Union Européenne pour Lordon.
-Il faut donc pour Lordon que la Grèce reprenne sa banque nationale pour relancer son économie. Elle doit selon lui sortir de l'eurosystème des banques centrales et revenir à sa monnaie nationale : le drachme. Si celle-ci est reprise, elle sera forcément dévalué par rapport à l'euro. En cas de sortie de l'UE, la dette souveraine de la Grèce sera annulée ( comme ce qui a été fait en Equateur par exemple). Il restera le remboursement des dettes extérieures à régler, il y aura donc forcément des pertes et pour Lordon les grandes entreprises devront aider en Grèce car ce sont les agents qui génèrent le plus de profit dans le pays.
-Le gouvernement grec devra reprendre en main les banques privées car on ne peut reprendre macro économiquement le crédit si les banques privées restent dans des logiques d'intérêt de profit des actionnaires.
-Tout cela est fait pour mettre en place une politique économique de relance à moyen voire long terme. Lordon explique que pour qu'une politique éco soit efficace elle doit etre menée sur du long terme et non sur du court terme pour laisser le temps de réformer le pays.


-Les conséquences de la politique de défaut et de la sortie de l'UE :


Le FMI perdrait 22 milliards d'euros en cas de défaut de paiement de la Grèce. La France aurait une perte de 32,7 milliards d'euros ce qui est également important. Lordon explique que ses résultats sont les limites d'une logique des stratégies écos de l'Europe qui pensent régler le surendettement des uns en sur rendettant les autres.
Quant à la BCE, elle est dérogatoire du droit commun. C'est à dire que son rôle est d'émettre de la monnaie pour les autres pays et non d'améliorer ses ratios de liquidité ou d'avoir des problèmes de liquidité puisqu'elle est la liquidité .
A sa création, elle a eu besoin de fonds propres pour constituer son BFR( besoin en fonds de roulement). Si elle perd ses fonds propres ou qu'elle commence à faire des pertes, ce n'est normalement pas un évènement pour elle puisqu'elle peut se recapitaliser par sa propre création monétaire.
C'est donc un non-sens de dire que la crise grecque est une catastrophe pour la BCE puisque c'est principalement son rôle de couvrir les pertes, les autres agents peuvent être touchés mais pas la BCE contrairement à l'opinion ( faussée) exprimée par les médias.
Mais certains ont jugé cette idée de refinancement insupportable et la BCE impose aux Etats désormais de la financer, ce qui est un comble! Les Etats refinancent une BCE dont son rôle est celui du refinancement...


-La sortie de l'euro de la Grèce fait peur aux européens. Non pas pour le pays en lui-même qui est surendetté et s'en débarrassé serait un soulagement pour les instances monétaires mais pour l'effet domino. D'autres pays de la zone euro risquent en effet de s'inspirer de la Grèce et de sortir de la zone euro...
-Lordon explique qu'au début, la sortie de la zone Euro sera très compliquée pour la Grèce sur le court terme ( au moins sur les 18 premiers mois). Mais que sur le long terme, La Grèce se relancerait complètement économiquement.
Actuellement, les politiques européennes font diminuer leur dette sur le court et moyen terme mais se sur rendettent par avance et l'augmentent sur le long terme.
La BCE ne fait que sauver l'UE à court terme mais sans avoir de stratégie à long terme.
Pour Lordon, la stratégie de défaut est nécessaire pour la Grèce ( et les autres pays européens) pour la sauver économiquement sur le long terme.


La stratégie de défaut

-Lordon explique que tout a commencé avec les subprimes à cause des petits désastres de la finance privée. Pour lui, nous ne sommes pas comptables et nous n'avons pas à rembourser les dettes de la finance privée. La stratégie de défaut consiste à ne pas payer la part de dette illégitime et laisser les explosions financières, monétaires et institutionnelles agirent.
Comme l'indique Lordon, les stratégies de défaut est une horreur pour les amis de l'Europe telle qu'elle est et ils crient à la maladie mentale quand ils entendent ca.
-Pour se débarrasser de l'énorme quantité de dette, il y a 2 possibilités: soit préserver les droits des créanciers (austérité jusqu'au bout) soit alléger le fardeau des débiteurs (inflation ou défaut).
Soit on continue dans cette voie et la perspective d'un échec macroécomique est très probable soit on choisit d'aller vers les corps sociaux. Mais l'accumulation de la dette l'annonce, l'économie suffoque et les mouvements sociaux en Espagne et dans d'autres pays prennent forme. Ainsi que de nouveaux types de partis politiques (Syriza, Podemos) qui prennent le pouvoir en Europe.
-Je vais maintenant présenter les différentes étapes et points d'attaque de la stratégie de défaut. Si celle-ci est totale, les créanciers en prendront pour leur grade. Les banques centrales dégusteront avec cette stratégie : le défaut de plusieurs grands Etats membres mettra les banques centrales à terre comme ce qui s'est passé en 2008 avec Lehman Brothers.



Pour Lordon, c'est le propre de la domination que le désastre est
souvent la meilleure chance des dominés



Pour lui, ce qui s'est passé en 2008 est une fenêtre de tir qu'il ne faut absolument pas manquer pour reconstruire le cadre des institutions bancaires et l'assainir. Les néolibéraux bien sur veulent la conservation des choses telles qu'elles sont pour garder les privilèges dont ils bénéficient.
Il faut prendre le défaut comme arme politique et comme un outil avec la nationalisation pour mettre fin au terme du désordre de la finance libéralisée. Avec la politique du défaut, l'Etat ne sera pas ruiné car la banque centrale et la FED octroye de très amples concours au secteur bancaire pour maintenir de la liquidité( elle le fait déjà actuellement). La BCE se chargera également de l'appuiement des pertes et de la recapitalisation nécessaires aux redémarrage des opérations bancaires ordinaires. Celles ci seront remises sur de nouvelles bases avec comme principe l'exclusion des activités spéculatives. Un problème persistera : les dépôts et épargnes du public. Tous les rapports financiers sont maintenus si les institutions font faillite sauf 2 types d'entre eux(les actifs des institutions financières et des titres souverains en question). Ces 2 annulations auront des conséquences sur les patrimoines particuliers mais Lordon pensent à 2 solutions : l'indexation de l'ampleur des richesses selon le degré de fortune( c'est surtout les plus riches qui paieront la plus grande part) ou alors par un mécanisme de compensation des pertes ( mêlant conditions de ressources et plafond de garanties versées)


-Pour appliquer tout ca, il faut une intervention monétaire décisive. Il faut donc selon Lordon imposer un contrôle des capitaux pour d'une part séparer le système bancaire national des marchés, d'autre part pour empêcher une chute trop importante du taux de change et enfin pour interdire la fuite à l'étranger de l'argent des entreprises. Lordon veut la souveraineté des Etats et que les banques nationales se gèrent dans le pays en question sans multiplier les dettes. C'est donc une transition radicale. La création monétaire pour cette transformation se limite à trois types d'utilisations : refinancement du passif interbancaire nette et la restauration de la situation du cash flow en entreprise, la compensation (sous conditions) des pertes patrimoniales et des actions bancaires, le maintien plein des nouvelles banques dans la liquidité.
- C'est donc une stratégie de force qui entraine un bouleversement des structures en place. Le plan principal étant de passer de banques anéanties à des banques complètement refaites( mais dont le fonctionnement serait totalement différent).
- Après le défaut, l'Etat rachèterai les banques pour 0 euro. Les banques retrouvent autonomie et localité dans un système socialisé du crédit. Elles seraient commandées par des bassins économiques locaux, gouvernées par un syndicat de parties prenantes et il y aurait naissance d'une démocratie locale du crédit.



Les banques passeraient du statut de forme excitante proposée aux
fantasmes existentiels des puissants à une activité banalement
instrumentale et locale au service d'agents ordinaires( et seulement
eux).



Citation



On se débarrasserait du fléau spéculatif et cela entraineraient la création et le développement d'entreprises autogérées et coopératives. Pour permettre tout cela, il faut être protégé contre les forces capitalistes extérieures avec un strict contrôle des capitaux et une dissuasion vigoureuse de tous les comportements d'évasion fiscale.
(D'un point de vue perso et je m'autorise cette légère digression et remarque, je pense que tout cela est très compliqué à mettre en place et que Lordon sous évalue la puissance des forces extérieures et des forces du capital et nous propose quelque chose de vraiment illusoire meme si ca reste très intéressant).


3eme partie : Questionnements sur le nationalisme


-Lordon pense qu'une Europe sociale est une illusion à l'heure actuelle et que tout est à défaire et à refaire.



Notre politique doit consister à résister coute que coute à ne pas
construire l'Europe dans la régression au détriment de la classe
ouvrière (...) Cette liberté de circulation des capitaux conduira à
une exode des capitaux Français. Pierre Mendès France



Lordon utilise cette citation pour montrer à quel point le PS s'est éloigné des dires d'un de ses modèles. Pour lui il y a 2 sortes d'abdication d'une démocratie : soit la dictature (tous les pouvoirs à une autorité) soit la forme actuelle ( délégation du pouvoir à des autorités extérieurs : ici les forces du capital).



  • Lordon explique que les Etats sont les seuls puissances qui peuvent s'opposer aux pouvoirs du capital mais que les Etats rejettent en masse le nationalisme.

  • Il y a l'idée d'imposer l'Europe envers et contre tous : "L'europe pour l'Europe". Lordon critique l'extreme gauche en France et l'ATTAC qui n'ose pas s'opposer à l'Europe et à proposer une politique de sortie de l'euro. Lordon re-critique également le cadre constitutionnel des traités : seul un retour national enverrai promener les traités et remettraient certaines règles en question (BCE, place des capitaux, formes du financement du déficit).

  • Pour Lordon, il faut également que les dévaluations de la monnaie soient possibles en Europe comme durant la période des années 1945-1985. Pour lui, la monnaie aurait été un outil pour la crise Irlandaise en 2009 : avec la dévaluation de la monnaie, L'Irlande aurait pu s'opposer aux forces extérieures du capital( les banques) qui ont envahi le pays et qui ont joué financièrement avec lui.

  • Il est impossible d'avoir "un peu de politique de gauche" et "un peu de politique de droite" pour Lordon car le libéralisme est de droite et ne laisse pas sa chance à cela. Un pays doit montrer la voie à suivre pour Lordon et d'autres suivront.

  • Il y a un extrémisme de la pensée néo-libérale pour Lordon : c'est le fait que si la France produirait moins de centrales électriques pour les autres pays, on l'accuserait au minimum de repli nationaliste et surement de xénophobie envers les autres pays.



Lordon explique qu'on peut fermer sous certains rapports et laisser
grand ouvert sous d'autres. Ce n'est pas fermer mais réguler.



C'est d'ailleurs du Keynésianisme ce que Lordon exprime et c'est loin d'etre quelque chose de nouveau... Il n'existe pas une seule mondialisation(celle des échanges commerciaux) mais plusieurs (comme celle de la police ou des satellites par exemple). On peut s'opposer à la mondialisation des conteneurs mais sans rester fermer sur soi et développer d'autres types de mondialisation ( touristes, artistes, manifestations culturelles, mouvements de lutte et de pensée). Ces mondialisations peuvent voyager, s'échanger sans avoir la caution de l'OMC ni les réductions de la culture aux marchandises de l'industrie culturelle. Il est donc possible d'appliquer un peu de protectionnisme pour réguler les marchandises tout en restant ouvert aux autres pays et en développant d'autres types d'échanges.


4eme partie : Le plan de la monnaie commune



  • J'ai zappé le chapitre philo " un peuple européen est-il possible", très intéressant avec du Spinoza, du Kant dedans mais j'avoue avoir pas compris grand chose, en meme temps je me suis pas encore vraiment mis à la philo donc analyser ce chapitre est chaud.

  • Il y a une autre solution avec la monnaie commune : on peut donc très bien avoir l'idée de " faire quelque chose" au niveau européen mais pour cela il ne faut pas reconduire les memes erreurs de la construction de la monnaie unique.

  • Changer l'euro est impossible. Premièrement les marchés ne laisseront jamais élaborer un projet qui supprimerait leur pouvoir disciplinaire. Secondement, meme si le projet se mettait en place il y aurait un déchainement de spéculation et une crise de marché aigue empêcheraient la modification de l'Euro.

  • Pour Lordon, le plus probable resterait le retour à la monnaie nationale mais il existe donc une seconde solution : celle de la monnaie commune.
    Il y aurait donc des Euros-Francs, des Euros-£, des Euros-DM ( le rêve de lordon !)...
    Les dénominations nationales seraient convertibles entre elles mais uniquement au guichet de la BCE. Les monnaies pourront donc être ajustées mais selon des processus qui n'auraient pas d'influence des marchés des changes ( ce qui sera logique puisque ces derniers seront supprimés à l'intérieur de la zone avec cette mesure). Cela comblerait une des plaies de la monnaie unique qui empeche de dévaluer ou de réévaluer sa propre monnaie.

  • Un des gros problèmes de l'UE est le fossé qui s'est crée entre les différentiels de cout et de productivité entre les différentes économies de la zone. Ces différentiels n'ont jamais pu être accommodées comme par le passé avec des ajustements de changes... Aujourd'hui seule la "dévaluation interne" est possible c'est à dire l'ajustement réel par les salaires( à la baisse!) et par le chômage (à la hausse!). On comprend mieux grace à cela la situation actuelle et le fait qu'il est important de pouvoir dévaluer ou non sa monnaie ( les USA le font ainsi que la Chine, les pays de la zone UE pouvaient le faire avant avec leurs différentes monnaies mais le passage à l'Euro a été clairement une erreur stratégique et économique).

  • Pour les détails techniques, le reste du chapitre détaille le fonctionnement technique. J'ai mal compris ces notions et donc pour plus de " détails", voir le livre.


Dernière partie Ce que le FN ne nous prendra pas



  • Une fraction de la gauche critique a peur d'être affilié avec le FN si elle est d'accord avec une de ses idées phares...que le FN a repris de la gauche en la souillant. Pour Lordon, c'est inacceptable pour lui c'est illogique : le FN s'est mis à la critique des banques et du néolibéralisme également c'est pas pour cela que la gauche critique ne continue pas à les critiquer donc pour Lordon, il ne faut pas laisser le FN prendre des idées et les souiller.

  • Il existe un souverainisme de droite et un de gauche. Le souverainisme de droite se déclare de la "nation", celui de gauche du "peuple". Le souverainisme de droite est un souverainisme de type gouvernemental ( il faut restaurer selon eux les moyens de gouverner), celui de gauche est un souverainisme démocratique ( au sens originel du terme qui a un sens bien différent que la démocratie dans laquelle nous vivons).
    Le fait que la gauche abandonne le souverainisme est grave pour Lordon car c'est une de ses principales boussoles idéologique depuis la Révolution Française.

  • L'origine de la pensée économique du FN tient de Reagan dans les années 90 qui est une idéologie très libérale et aucun journaliste ne fait remarquer ses contradictions historiques au FN désormais. Le FN profite de sa toute nouvelle posture du critique du néolibéralisme pour inclure ses idées xénophobes dans le procédé.

  • Pour Lordon, il faut récupérer la notion de "nation" au FN qui est une idée de gauche au départ.



Car le voilà le nouveau paysage de la nationalité. Bernard Arnault?
Pas Français. Cahuzac? Pas Français. Johnny et Depardieu qui se
baladent dans le monde comme dans un self-service à passeports? Pas
Français. Les Mamadou et Mohammed qui triment dans des ateliers à
sueur, font les boulots que personne d'autre ne veut faire et qui
paient leurs impots sont mille fois plus Français que cette race des
seigneurs. Le sang bleu évadé fiscal, dehors.



Voila ce que la gauche critique devrait dire et comment elle devrait se réapproprier cette idée de nation qui est la sienne. Il faut être particulièrement fragile économiquement pour dire : " en ce moment, souveraineté, nation, ce sont des mots dangereux tout de même ".La constitution de Robespierre ou alors celle de 1793, c'est la conception de la nation que le FN ne nous prendra pas.



  • Pour contredire le programme du FN, il n'y a pas de relation entre démographie et chômage. Au contraire les 2 se soutiennent : + il y a de nouveaux salariés, + il y a de revenu dans l'économie, + il y a de consommation, + il y a de demande ... et + il y a d'offres d'emploi.
    D'ailleurs pendant le fordisme, le patronat Français fit de grandes campagnes de recrutement en Afrique du Nord. La dérèglementation elle n'entraine aucune croissance. Les pertes d'emploi que la dérèglementation a amené ainsi que les politiques d'austérité totalement aberrantes en période de crise permettent de saisir les données structurelles des pertes d'emploi . Celles-ci sont le propre de l'accumulation du capital dans un régime néo-libéral et elles n'ont pas grand chose à voir avec l'immigration. Le FN fantasme sur un renvoi des immigrés qui relanceraient l'emploi mais ce serait exactement le contraire qui se produirait ( voir explication au dessus, cela entrainerait - de salariés donc -de revenus donc- de consommation donc - de demande ... et donc - d'offres d'emploi).

  • La seule boussole du FN est l'opportunisme. Ils n'ont aucune envie de s'attaquer au capital ou au néolibéralisme ( comme ils prétendent le dire) au contraire l'extrême droite plait beaucoup à la bourgeoisie d'affaire dont le FN lui apporte tout son soutien. Le FN a une sorte de rêve de " réconciliation nationale " autours du capital.

  • Il faut donc que la gauche reprennent ses notions tout en évitant le piège et l'amalgame des médias ( ah vous faites comme le FN, ca le FN l'a dit aussi...) et en dénoncant l'opportunisme du FN. Ces 2 pièges restent les obstacles à la transformation sociale.


Conclusion


Lordon conclut sur un texte Gauche ou Droite? où il explique que les 2 mouvements politiques ont des rapports différents par rapport au cadre. La droite ( plus le PS que Lordon considère de centre-droit) voudrait rester dans le cadre tandis que la gauche voudrait sortir du cadre ou le changer. Le livre se termine sur un Lordon qui se lache, il en a marre de tout ca et appelle à la manifestation. Il propose un mouvement : celui des "balais" qui serait symbolique parce qu'il y a un grand coup de balais à passer en France au vu des " imbéciles et des opportunistes " dixit Lordon présents dans les médias et dans certaines instances politiques.

PierreDescamps
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le 13 sept. 2015

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