Cela faisait un certain temps déjà que je comptais lire du M. John Harrison, auteur à propos duquel je n'avais entendu dire que du bien. Cette Mécanique du Centaure jouant la carte du space op' semi parodique, à l'instar de certaines choses fort réjouissantes que j'ai pu lire et apprécier récemment (à titre d'exemple, du Charles Stross – Crépuscule d'acier et sa « suite » Aube d'acier – et du John Scalzi – la trilogie (?) du Vieil Homme et la guerre), je n'en attendais que du bien.

Alors, alors.

Un bon point d'entrée de jeu : le « héros » est un paumé, un loser fini comme je les aime. John Truck, vaguement dealer, vaguement routier galactique, est par sa mère le dernier des Centauriens, race exterminée deux siècles plus tôt par les Terriens. Et cette unique particularité va suffire pour le foutre dans la merde.

On a en effet découvert une étrange machine centaurienne, typique du « Big Dumb Object », dont on ne sait à peu près rien, si ce n'est qu'elle serait en mesure de foutre la merde dans la politique humaine si elle était récupérée par un des deux grands camps qui se fritent la gueule, le Gouvernement Mondial Israélien et l'Union des Républiques Socialistes Arabes (ça aussi, j'aime bien ; même si cette « guerre froide redux » témoigne de l'âge du roman, publié en 1975, et donc bien plus ancien que les œuvres que j'ai pu citer précédemment ; j'y reviendrai).

Du coup, John Truck, ce loser pathétique, devient « l'homme le plus recherché de l'univers ». Car lui seul semble en mesure de faire fonctionner la machine. Dès lors, il ne cessera, tout au long du roman – au rythme frénétique – de tomber de Charybde en Scylla, et de se voir infliger les pires humiliations et/ou tortures.

...

Alors, alors.

Ben, j'en suis désolé, mais malgré les atouts que je viens d'exposer brièvement (et quelques très bonnes idées ici ou là, comme cette secte qui expose à la vue de tous les entrailles de ses religionnaires), ce roman m'a tristement déçu. La faute à quoi ? Pas facile à dire, même si j'aurais bien quelques idées : une trame confuse et assez vite lassante, déjà. Des personnages qui manquent de caractère, aussi : John Truck, pas plus que les autres personnages, ne parvient pas à susciter la moindre empathie. C'est un loser, d'accord, mais quand même... Un style, mmmh, « déconcertant », aussi, tout en métaphores alambiquées qui passent plus ou moins bien la frontière de la traduction.

En fait, j'ai surtout l'impression que ce roman accuse son ancienneté relative : « pionnier » dans ce genre de space op' s'amusant avec les clichés du genre, il me semble souffrir de la comparaison avec des ouvrages plus récents jouant en gros la même carte ; ainsi les romans de Charles Stross ou de John Scalzi que j'ai déjà évoqués, et, je n'en doute pas même si, honte sur moi, je ne les ai pas lus, ceux de Iain M. Banks (faut vraiment que je me mette à « la Culture », un de ces jours), voire de John Varley. Et très probablement ceux que M. John Harrison lui-même a pu écrire plus tard ; aussi ne vais-je pas pour autant fermer l'accès de mon étagère de chevet à cet auteur.

Mais, pris isolément, cette Mécanique du Centaure m'a tristement déçu, et même ennuyé. Le space op' n'y est pas palpitant, et l'humour narquois, « l'ironie respectueuse », ne fonctionnent pas vraiment non plus. Dommage...
Nébal
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le 23 oct. 2010

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Nébal

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