Et je n'utilise pas le terme "écœurant" au sens québécois, attention. Après avoir un peu parlé de ce livre avec des lecteurs qui l'avaient beaucoup aimé, je me suis sentie obligée de venir ici énumérer tout ce qui m'avait gênée.
D'abord, je dois dire que l'idée de base me parlait. Sinon, je n'aurais même pas essayé de lire ce bouquin, vous allez me dire. L'ambiance à la Tim Burton, le petit côté steampunk, un Edinburgh romantique en hiver,… les images évoquées m'enthousiasmaient. Et les premières pages du livre étaient plutôt pas mal. Alors j'ai espéré. Puis Mathias Malzieu a pris mes espoirs, les a jetés par terre et les a piétinés. Plusieurs choses m'ont fait décrocher, voire pousser des gros "WTF" ?
Le français approximatif, qui pique parfois les yeux. Cela fait déjà quelques mois que j'ai lu le livre, les exemples ne sont donc plus très précis, mais j'ai souvenir d'une maladresse dans l'utilisation de la langue qui m'a dérangée. Je vous fais quand même cadeau de la phrase qui m'a fait saigner les yeux (parce que celle-là, je ne peux pas l'oublier) : "Je me demande vraiment pourquoi une simple horloge peut autant rebuter les gens à ce point". BON. À la limite, on pourrait dire que c'est la faute du correcteur.
La poésie forcée. Et l'overdose. J'aime les figures de style. J'aime les métaphores, les comparaisons, les jeux avec la langue. Mais m'en donner tous les trois mots, ça va deux minutes. Ça m'a donné l'impression d'être complètement forcé. Trop c'est trop. De plus, les images évoquées ne m'ont souvent pas touchée. Parfois, je les ai même trouvées complètement à côté de la plaque. "Une fille minuscule avec des airs d'arbre en fleurs"… pardon ? Comment une fille peut ressembler à un arbre ? Est-ce qu'elle a des feuilles ? De l'écorce ? Quoi ? C'est censé être flatteur ? (apparemment c'est parce que ses bras "ressemblent à des branches"… hein ??) et je pourrais continuer avec des "elle danse comme un oiseau" (ça danse, les oiseaux ? Vous avez déjà vu un pigeon se mettre à faire des entrechats, vous ?) ou "je n'étais pas au bout de mes surprises pimentées" (et le piment revient à plusieurs moments, comme un cheveu sur la soupe). Puisque ces quelques passages décrivent sa rencontre avec le "love interest" du héros, j'en profite pour dire que je l'ai trouvé complètement…bizarre. J'ai pas compris.
Le ton du héros en parfait décalage avec son âge. À dix ans donc, Jack jure, est carrément vulgaire (pourtant j'ai moi-même un langage fleuri) et compare les seins d'une fille qu'il croise (pas bien plus âgée a priori) à deux meringues qu'il voudrait croquer ? Euh. C'est pas que je sois prude, mais il a dix ans ? Je veux bien que ce soit l'âge où on commence à s'éveiller, où on découvre son corps, le début de la puberté, tout ça, mais, ça ne marche pas. En plus d'être en décalage avec l'âge du personnage, ça tranche complètement avec le ton du récit qui se veut sensible et poétique. Et puis avec l'époque à laquelle il est censé se dérouler aussi.
Doucement avec Méliès. J'ai étudié le cinéma. J'aime Méliès. Je comprends pas ce qu'il fait là. Je comprends bien que Mathias Malzieu aime son univers qui n'est d'ailleurs pas tellement éloigné du sien. Mais son utilisation a fini de me faire sortir de l'histoire. Autant je n'ai aucun problème avec l'utilisation de ce monsieur (dans Hugo Cabret par exemple), autant ici, ça n'a pas marché pour moi.
Et je veux même pas parler de Jack l'éventreur.
- La grande histoire d'amour bancale. Finalement Jack passe plus pour une espèce d'obsédé maladif qui stalke et traque une fille qu'il a vue une fois à travers l'Europe. C'est pas ma définition de "romantique".
En bref, je ne veux pas descendre ce roman (même si j'ai la sale impression de l'avoir fait), je comprends qu'on puisse l'apprécier. Ç'aurait peut-être été mon cas si je l'avais lu il y a dix ans.
Pour moi, l'idée de base est intéressante, mais la réalisation a trop de défauts à mon goût. Mieux vaut écouter l'album et imaginer une meilleure histoire