La Mer, le matin par M Clap
L'histoire est plutôt légère dans ces débuts, teintée d'une douce mélancolie et plombée seulement par la chaleur du soleil. On y découvre Farid et son quotidien dans une petite ville de Lybie avec sa mère à laquelle il voue un amour infini, et un petit animal sauvage qui vient lui rendre visite. Mais nous voilà peu à peu plongé dans une réalité beaucoup plus dure, on est en 2011, c'est le printemps arabe et l'histoire s'assombrit. Quelque part la guerre a éclaté. A Benghazi, Hachim l'oncle de Farid a perdu la vue au combat, peu de temps après le père de Farid est tué, la mère et le fils sont contraints à l'exil.
Alterne une autre histoire, celle d'un autre fils et d'une autre mère dont les origines lointaines sont italiennes, une famille venue en Lybie au temps de la colonisation, qui a été obligée de fuir le pays à l'arrivée de Kadhafi, c'est leur longue et difficile adaptation à l'Italie qui est retracé.
Mais les destins ne se croisent pas, ou pas tel qu'on l'imaginait et le récit se fait complainte, c'est le calvaire et la tragédie des exilés qui fuient par la mer qui nous est raconté. L'hommage rendu à ces hommes et femmes qui n'ont plus rien à perdre et qui s'embarquent sur ces bateaux de fortune, est magnifique.
Avec une très grande sobriété et beaucoup de poésie l'auteure nous livre un récit qui nous raconte en filigrane l'Histoire complexe de la Lybie et de l'Italie. C'est dépouillé, simple et beau.
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